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[CRITIQUE] : Le Musée des Merveilles (Cannes 2017)


Réalisateur : Todd Haynes
Acteurs : Oakes Fegley, Millicent Simmons, Julianne Moore, Michelle Williams, Amy Hargreaves, Jaden Michael,...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h57min.
Ce film est présenté en compétition au Festival de Cannes 2017
Sortie en salles le 15 novembre 2017

Synopsis :
Sur deux époques distinctes, les parcours de Ben et Rose. Ces deux enfants souhaitent secrètement que leur vie soit différente ; Ben rêve du père qu'il n'a jamais connu, tandis que Rose, isolée par sa surdité, se passionne pour la carrière d'une mystérieuse actrice. Lorsque Ben découvre dans les affaires de sa mère l’indice qui pourrait le conduire à son père et que Rose apprend que son idole sera bientôt sur scène, les deux enfants se lancent dans une quête à la symétrie fascinante qui va les mener à New York.



Critique :



On avait laissé le talentueux Todd Haynes l'an dernier avec le mitigé Carol, romance dramatique entre les sublimes Cate Blanchett et Rooney Mara, qui nous avait un poil laissé de marbre malgré les compositions remarquables de ces deux anges lumineux devant la caméra.
De retour sur la Croisette, le bonhomme nous revient avec ce qui était - avec Okja - notre plus grosse attente de la compétition officielle : Wonderstruck aka Le Musée des Merveilles dans l'hexagone, adaptation du roman de Brian Selznick (Hugo Cabret), pour lequel il retrouve la merveilleuse Julianne Moore, dix ans après I'm Not There.



En prenant fait et cause de deux destins enfantins en fuite, à cinquante années d'intervalle - la jeune Rose en 1927 et Ben en 1977 - , le cinéaste s'empare corps et âme de l’œuvre, s'amuse comme un gamin justement, en s'offrant des partis-pris couillu (notamment celle de revenir au noir et blanc pour les scènes impliquant Rose) mais surtout en bousculant les temporalités de ses deux trajectoires à priori opposées, pour mieux les mettre en parallèles (les deux enfants, en pleine quête identitaire, sont malentendants) et les faire s'entrecroiser dans une sensible et humble ode à l'imaginaire enfantin, foisonnant d'idées, un poil tronqué par un manque de rythme évident certes - et encore -, mais d'une honnêteté, d'une générosité et d'une richesse incroyable.



Véritable proposition de cinéma organique, intime et sensorielle (la musique de Carter Burwell, est par ailleurs un élément majeur de la narration), filmée à hauteur d'enfants, émotionnellement forte et sans le moindre filtre, Wonderstruck cherche constamment l'implication totale de son spectateur, jusque dans les partitions pleine d'innocence de ses jeunes interprètes, qui bouffent littéralement l'écran (Oakes Fegley en tête, déjà formidable dans le remake de Peter et Eliott le Dragon).
Mieux, à l'instar de papy Scorcese pour son adaptation d'Hugo Cabret, Haynes profitera même de l'occasion pour étoffer sa fibre révérencieuse en rendant hommage avec maitrise, à tout un pan du septième art (du Nouvel Hollywood en passant par le cinéma muet et noir et blanc), en revenant à l'essence même du cinéma : la force de l'image primant littéralement sur la force des mots.



Forgé dans la pellicule de ses péloches fantastiques qui nous hante encore longtemps après vision, Le Musée des Merveilles est un conte vibrant, intemporel qui aborde avec simplicité et délicatesse la vie, dans tout ce qu'elle a de plus beau et douloureux.
Bref, un beau et grand moment de cinéma, tout simplement.


Jonathan Chevrier



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