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[CRITIQUE] : Suicide Squad


Réalisateur : David Ayer
Acteurs : Will Smith, Margot Robbie, Jared Leto, Joel Kinnaman, Jai Courtney, Viola Davis,...
Distributeur : Warner Bros. France
Budget : -
Genre : Action, Fantastique.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h10min.

Synopsis :
Les pires méchants de l’univers DC Comics réunis dans un même film.
C'est tellement jouissif d'être un salopard !
Face à une menace aussi énigmatique qu'invincible, l'agent secret Amanda Waller réunit une armada de crapules de la pire espèce. Armés jusqu'aux dents par le gouvernement, ces Super-Méchants s'embarquent alors pour une mission-suicide. Jusqu'au moment où ils comprennent qu'ils ont été sacrifiés. Vont-ils accepter leur sort ou se rebeller ?



Critique :



Petit retour en arrière.
En mars dernier sortait, dans un brouhaha général, le mitigé Batman v Superman de Zack Snyder, premier opus critiqué - et critiquable - du nouvel édifice DCverse sur grand écran, servant de véritable service après-vente pour la firme en vue de sa bataille titanesque face au MCU de chez Marvel/Disney.

Décevant pour certains, satisfaisant pour d'autres, le film alignait les défauts certains (on retiendra surtout le " faux " combat final, adoubé par une campagne promotionnelle à côté de la plaque et trop gourmande en images inédites) tout en offrant des enjeux dramatiques conséquents et une vraie noirceur à son propos; véritable pari osé pour brouiller les cartes habituelles du genre.


Un véritable drame humain, spectaculaire mais maladroit, ou le genre de proposition de cinéma pas forcément adapté aux aficionados du genre super-héroïque qui ont pourtant complétement accepter l'invitation chez un cinéaste, il est vrai, bien plus chevronné et plaisant à suivre (Christopher Nolan et la trilogie The Dark Knight).
Battu à la régulière par Captain America : Civil War dans les salles et les cœurs des cinéphiles endurcis, la pierre angulaire d'un shared universe auquel sera rattaché aussi bien Justice League ou encore Aquaman et Wonder Woman; allait pourtant très vite se voir consolider par un second long-métrage, plus alléchant encore sur le papier : Suicide Squad.

Adaptation d'un comic book complétement barré signé par un réalisateur burné - mais dont c'est le premier blockbuster -, habitué à diriger des anti-héros armés au sein de péloches aux castings chorals, porté par une regroupement d'acteurs qui a méchamment de la gueule (Jared Leto, Will Smith, Margot Robbie ou encore Viola Davis, pour faire court) et un sens du fun visiblement bien aiguisé; Suicide Squad semblait capitaliser encore plus de promesses/attentes que son ainé, notamment grâce à une campagne promotionnelle certes encore une fois chargée (le gros défaut de la Warner) mais furieusement enthousiasmante.


Censé être un opus indépendant au Justice League Universe - à l'instar des Gardiens de la Galaxie au sein du MCU -, tout en y étant légèrement connecté (présence de Batman largement teasé), le film devait conter comment une bande de vilains criminels made in DC (des ennemis de Batman, Superman ou encore The Flash), se voyait recruter de force par le gouvernement pour en faire une force de frappe secrète - et donc facilement éliminable en cas de problèmes -, pour faire le sale boulot.

Limité scénaristiquement au point d'être aussi confus que bavard (rôle méchamment ingrat pour Viola Davis en prime, qui ne cesse de justifier la formation de la team d'expendables made in DC), avec Suicide Squad, Ayer épouse avec sérieux l'aspect comic book de son œuvre pour accoucher d'un film maladroit, sans véritable rythme ni cohérence (le premier tiers, fonctionnel, chargé de présenter la très grosse galerie de personnages, ressemble à un patchwork de scènes sans saveur); tout aussi pétri de maladresse que BvS dans sa volonté d'offrir une œuvre grave et burné à la noirceur inédite (le film s'inscrit dans un réalisme finalement pas si fantasmé que cela aux vues de la direction du monde actuelle), qu'il est assurément généreux dans sa mise en image.


Joliment divertissant tout en étant brouillon et dénué de véritables enjeux (le nemesis majeur, Enchanteresse, ridicule et ne semblant jamais réellement à sa place dans le film, se paye même un plan de destruction - un gros vortex au centre ville - littéralement calqués sur tous les gros vilains de blockbusters du moment; tandis qu'aucun des vrais héros ne semble véritablement en danger, même face à des forces plus puissantes qui les dépassent), solide dans l'action avec son univers très urbain - Ayer's touch - tout autant que dans son émotion, mais pâtissant lourdement de vouloir ratisser un large public (de son classement PG-13 à un traitement un poil Avengers/Marvelisé en passant par une conversion 3D absolument inutile) via un marketing malhabile le transformant en production mi-cool/transgressive mi-marginale; le métrage incarne in fine une proposition de cinéma sans vrai grand risque puisqu'il n'assume jamais réellement son statut d'outsider, et se voit même plombé par un final aussi illisible/foireux que sa direction est peu inspirée (syndrome BvS), mais surtout tronqué par la volonté d'une major, d'en faire une œuvre gentillette et pleinement incorporé dans un univers global.

Bon point en revanche, le bonhomme, conscient de ne pouvoir traiter équitablement toute sa galerie de personnages - au potentiel énorme -, décide de se focaliser sur les trois membres les plus importants du squad, Deadshot (Smith, excellent en véritable leader du groupe et dans son rôle - habituel - de papa attachant), Harley Quinn (Robbie, atout charme évident) et Rick Flag (Kinnaman, convaincant); tandis que le Joker lui, attraction majeur du projet (Leto, grimaçant et plus ou moins convaincant), se voit relégué à un rôle de trublion de luxe en attendant qu'il est les honneurs de sa propre aventure sur grand écran.


Tout comme la présence du Joker - remarquée et anecdotique à la fois -, mais également comme Batman v Superman, le film de David Ayer apparait alors à la face du spectateur, comme un divertissement amer, cool et pétaradant mais peu surprenant, uniquement chargé d'introduire une pléthore de nouveaux personnages au sein d'un univers cinématographique globalisé qui peine de plus en plus à prendre chair sur grand écran.

Mais Suicide Squad, tout comme le film de Snyder (et, plus directement, comme tous les films du cinéaste), assume tout du long ces partis-pris, ses maladresses comme sa noirceur salutaire et ses réelles fulgurances.
Une déception qui n'abat jamais vraiment sa carte maitresse (le Joker, punchline pourrie bonjour) certes, mais une belle déception comme on aimerait en voir plus souvent.


Jonathan Chevrier


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