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[CRITIQUE] : Batman v Superman


Réalisateur : Zack Snyder
Acteurs : Henry Cavill, Ben Affleck, Jesse Eisenberg, Gal Gadot, Amy Adams, Jeremy Irons, Laurence Fishburne, Diane Lane,...
Distributeur : Warner Bros. France
Budget : -
Genre : Action, Fantastique.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h31min.

Synopsis :
Craignant que Superman n'abuse de sa toute-puissance, le Chevalier noir décide de l'affronter : le monde a-t-il davantage besoin d'un super-héros aux pouvoirs sans limite ou d'un justicier à la force redoutable mais d'origine humaine ? Pendant ce temps-là, une terrible menace se profile à l'horizon…



Critique :



Comment passer derrière l'immense trilogie The Dark Knight sans larguer aussi bien les puristes du cinéma de Nolan, que les amoureux du justicier masqué de Gotham City.
Voilà le dilemme face auquel s'est retrouvé le duo Warner/DC Comics au moment de la sortie du critiqué mais grandiose The Dark Knight Rises, alors que le MCU clôturait en grande pompe sa phase 1 avec Avengers premier du nom.

Car, plus encore que Superman, Batman est décemment le héros le plus emblématique du catalogue DC, et se priver de sa présence sur grand écran relèverait presque du suicide dans sa bataille pour obtenir le trône de leader incontesté du genre.


Et alors que le plutôt réussi Man of Steel redonnait dans les grandes largeurs, ses lettres de noblesses à l'homme d'acier, l'idée d'un affrontement entre les deux superhéros sacrés fit son petit bonhomme de chemin; dit affrontement maintes fois décliné sur papier glacé, mais complétement fantasmé sur grand écran (Wolfgang Petersen s'était déjà attaché à la chose il y a plus d'une dizaine d'année).
Une opposition ambiguë loin d'être anodine, tant les deux héros sont des symboles d'héroïsme radicalement différents, à l'image (toute propension gardée) d'Iron Man et Captain America qui, hasard du calendrier, s'affronteront dans un tout petit mois dans le tout aussi attendu Captain America : Civil War.

Pierre angulaire d'un shared universe auquel sera rattaché aussi bien Justice League of America - Part 1 et 2 - que Suicide Squad et autres Aquaman et Wonder Woman; Batman v Superman : L'Aube de la Justice était donc un pari hautement risqué pour un Zack Snyder habitué aux films de superhéros chorals (Watchmen, une référence en la matière, plus encore qu'Avengers); mais dont le cinéma a toujours été sujet à débat et aux avis polarisés.

Suite direct de Man of Steel - déjà signé par Snyder - introduisant un nouveau Bat dans le game (Ben Affleck, aussi redouté qu'attendu en Chevalier Noir), Dawn of Justice revient sur les événements tragiques de Metropolis (le fight destructeur entre Superman et feu Zod), en confrontant le fils prodigue de Krypton aussi bien face à ses actes dans un monde en crise, que face à un Batman en pétard et sortant de sa réserve pour le tataner sévère.


La première partie - très courte - retrace d'ailleurs les origines de l'homme chauve-souris avant de pleinement rentrer dans le débat avec un vrai propos intello, social et politique sur le statut de Dieu/sauveur de Superman (un procès à la subtilité douteuse ou l'image iconique du bonhomme en prend un sacré coup, lui qui subit bien plus les événements que dans Man of Steel) voir même des supers-héros tout court; aux enjeux dramatiques cependant mal amenés et trop étirés sur la longueur pour pleinement convaincre un auditoire n'étant décemment pas venu en salles pour mirer la quête existentielle/remise en question un brin complexe de personnages emblématiques censés se foutre sur la poire dès le départ.

Un enchainement de scènes parfois délirant (les séquences de prémonition, rêve à la cohérence/utilité très limite; les scènes romantico-cucul entre Lois et Kal-El), dévoilant dans la douleur l'aspect autant brouillon que convenu d'un scénario maladroit et dont la majorité des secrets ont été dévoilés par une campagne promotionnelle tout aussi maladroite dans sa volonté de beaucoup trop en montrer (tous ceux ayant bouffés les nombreux trailers ressentiront une douloureuse impression de déjà-vu).

Et que dire du supposé combat final façon duel dantesque au rabais (et se transformant très vite en 3vs1 avec l'arrivée de Doomsday), un véritable pétard mouillé à l'aspect expéditif plus qu'étrange (tant tout le film était supposé s'articuler autour de celui-ci), foutraque au possible mais d'une générosité sans pareil - Snyder est le roi du CGI porn, on est d'accord.
Fou mais vrai, on en viendrait presque à lui préférer l'affrontement titanesque - et pourtant télévisé -, entre le Punisher et Daredevil dans la saison deux du show Netflix, qui lui en revanche, a su répondre à toutes nos attentes (et même bien plus encore) en faisant affronter aussi bien deux héros que deux idéologies bien distinctes.


L'excitation retombé d'un cran, Batman v Superman annonce alors sa véritable facette : celle d'un divertissement cool et pétaradant mais peu surprenant, uniquement chargé d'introduire une pléthore de nouveaux personnages avant l'apothéose (on l'espère) Justice League.
Sur ce point, difficile de ne pas admettre que le film de Zack Snyder remplit parfaitement son rôle de service après-vente de luxe.

Même si son Batman est moins imposant que prévu (Affleck, taillé dans le roc et vieillissant, est un bon Bat), il bâtit pleinement les bases d'un renouveau totalement différent de la trilogie Dark Knight, plus grave et colérique, qui pourrait s'enrichir avec un nouvel opus en solo et la présence d'un Alfred plus actif (immense Jeremy Irons), mais aussi moins protecteur et moins présent, que celui campé par l'inestimable Michael Caine chez Nolan.
En revanche, son Lex Luthor, figure démesurée du mal et de la folie à l'état pure façon gamin pourris gâté, souhaitant nuire à Superman pour mieux lui ravir son trône de Dieu tout puissant; est une belle réussite.

Véritable psychopathe avide de pouvoir et de destruction, il est finalement l'élément clé du film, et sans contestation possible, sa valeur ajoutée grâce à la partition jubilatoire d'un Jesse Eisenberg qui en fait des tonnes (le meilleur Luthor ?).
Idem pour sa Wonder Woman, badass et d'une classe folle, campée avec charme par une Gal Gadot méchamment crédible en Diana Prince, et dont l'arrivée (et le jeu du chat et de la souris avec Bruce Wayne) apporte une véritable bouffée d'air frais à l'intrigue.


Batman v Superman donc, ou un moment de cinéma fun, esthétiquement léché, un drame humain bourré jusqu'à la gueule de scènes iconiques, symboliques et d'une noirceur salutaire; mais malheureusement trop tronqué par une pluie de maladresses et de déséquilibres (le gout pour la pétarade de Snyder et la touche complexe de Chris " Argo " Terrio au scénario ne font pas toujours bon ménage) pour pleinement incarner le fantasme ultime du genre sur pellicule.

Reste que la qualité du métrage, véritable pari osé pour brouiller les cartes habituelles du genre, pourrait pleinement être réévaluée par le montage cut qui sera disponible à sa sortie dans les bacs, avec trente minutes d'images supplémentaire.

Ce qui est sur en tout cas, c'est que le duo Warner/DC a encore méchamment du chemin pour rattraper l'ogre MCU, mais il devra surtout faire preuve d'une plus grande lucidité/maitrise dans la promotion de ses péloches héroïques dans le futur, histoire d'assurer un minimum de surprises à des spectateurs qui ne paieront pas leur place en salles si le film leur est offert tout cuit sur la toile.


Jonathan Chevrier


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