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[CRITIQUE] : Pourquoi j'ai pas mangé mon Père


Réalisateur : Jamel Debbouze
Acteurs : avec les voix de Jamel Debbouze, Louis De Funès, Mélissa Theuriau, Arié Elmaleh,...
Distributeur : Pathé Distribution
Budget : -
Genre : Animation, Aventure, Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h35min.

Synopsis :
L’histoire trépidante d’Édouard, fils aîné du roi des simiens, qui, considéré à sa naissance comme trop malingre, est rejeté par sa tribu. Il grandit loin d’eux, auprès de son ami Ian, et, incroyablement ingénieux, il découvre le feu, la chasse, l’habitat moderne, l’amour et même… l’espoir. Généreux, il veut tout partager, révolutionne l’ordre établi, et mène son peuple avec éclat et humour vers la véritable humanité… celle où on ne mange pas son père.


Critique :


Acteur et comique de renom (prix d'interprétation à Cannes, tout de même) depuis près de deux décennies maintenant, Jamel Debbouze est une figure importante de l'humour français, suffisamment pour se payer le luxe, en son nom, de plus d'un pari osé sur grand écran.

Mais force est d'admettre qu'avec Pourquoi j'ai pas mangé mon Père, le mot osé est plus qu'un doux euphémisme, tant le pari du bonhomme au sein du septième art hexagonal, a tout du jamais vu mais surtout du quasi-suicide sur pellicule.

S'offrir comme première réalisation un projet d'animation fortement casse-gueule puisque prenant pour base la préhistoire - genre populaire dans l'anim US grâce à la franchise l'Age de Glace -, dans une adaptation du burlesque (et complexe) best-seller de Roy Lewis Pourquoi j’ai mangé mon père, avec la triple casquette d'acteur vedette/réalisateur/scénariste, le tout à la sauce motion capture et performance capture (une première en France)...

On a décemment connu moins risqué, c'est indéniable, mais surtout rarement aussi prometteur sur le papier.


Savamment préparé depuis sept ans, et vu la bonne humeur et l'humour communicatif de Debbouze, on était donc en droit d'espérer une petite bombe dans les salles obscures ou l'animation made in France a connu un net regain de qualité, que ce soit grâce au joli Jack et la Mécanique du Cœur mais avant tout grâce au merveilleux Astérix : le Domaine des Dieux d'Alexandre Astier.

Cependant, malgré toutes ses évidentes qualités, Pourquoi j'ai pas n'atteint jamais la maestria du film du papa de Kaamelott, la faute à une intrigue fourre-tout certes riche mais partant trop souvent dans tous les sens, mais également à une motion/performance capture pas toujours maitrisé et dans la généralité, franchement maladroite.

Une semi-déception donc, mais qui s'inscrit pourtant parfaitement dans la continuité de la filmographie de Jamel, de plus en plus personnel et dont le parcours est malignement couplé à celui de son héros.

Parce qu'il est évident qu'on le reconnait dans le destin d'Edouard, fils aîné du roi des simiens, rejeté par sa tribu des causes de sa différence physique (bipède, trop chétif pour les siens), qui sera recueilli par Ian, un simien simplet mais incroyablement ingénieux.
Obligé de compenser par son cerveau pour survivre dans la dureté et la folie de la jungle, il va attirer le regard des siens et bouleverser les mœurs de ses congénères ainsi que les initier au progrès.


Un résumé assez large de cette histoire à l'aube de l'humanité follement riche en sous-intrigues et en thèmes majeurs et universels (la nécessité d'évoluer, l'esprit de communauté et de démocratie, l'amour, la différence, l'exclusion, la famille, le métissage, le respect), que Jamel et son langage qui lui est propre, traite avec modernité et intelligence.

Une chronique simiesque d'ailleurs incontestablement magnifié par la présence enthousiaste d'un Debbouze qui donne beaucoup de lui - trop peut-être pour certains -, dans un one man show animé fait sur mesure et reprenant l'aspect grand enfant un brin irrévérencieux qui a fait la force de son aura comique.

Plus d'un des gags est con comme la lune, mais le comique y croit tellement que, finalement, la naïveté qui enrobe son humour s'avère joliment communicatif, et rattrape en bonne partie, les maladresses de son scénario (intrigue méchamment simpliste et prévisible) mais aussi de son animation, tronquée par l'expression des visages des personnages manquant justement d'expressivité, le modélisme de certains singes très limite et ne se fondant pas toujours dans les colorés décors ou encore une 3D léchée mais pas forcément très immersive.

Dommage que Pourquoi j'ai pas pêche techniquement (ce genre de chose ne pardonne pas sur un film d'animation, c'est une évidence) tant ses bonnes intentions sont foison, pour preuve la volonté de faire avec
le personnage de Vladimir, un vibrant hommage à Louis De Funès, en reprenant la majorité des mimiques ayant fait sa légende.


Hystérique (presque à la limite de l'agacement), drôle et sympathique à défaut d'être réellement prenant et hilarant, véhiculant de belles émotions via un belle morale pour la lutte contre la différence et l'exclusion, Pourquoi j'ai pas mangé mon père est un joli et délicat divertissement populaire à défaut de pleinement convaincre son spectateur, bancal, trop ambitieux aux vues de ses moyens mais finalement assez attachant.

Vivement donc le prochain passage derrière la caméra de Debbouze - de préférence en live -, histoire de juger réellement de la carrière de metteur en scène du bonhomme, il est vrai toujours autant pleine de promesses.


Jonathan Chevrier


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