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[CRITIQUE] : Otages à Entebbe



Réalisateur : José Padilha
Acteurs : Daniel Brühl, Rosamund Pike, Eddie Marsan, Lior Ashkenazi, Denis Ménochet, Ben Schnetzer, Nonso Anozie, Peter Sullivan, ...
Distributeur : Orange Studio Cinéma/ UGC Distribution
Budget : -
Genre : Thriller, Biopic
Nationalité : Britannique
Durée : 1h47min

Synopsis :
1976, un vol Air France de Tel Aviv pour Paris est détourné sur Entebbe, en Ouganda.
Les faits qui s'y sont déroulés ont changé le cours de l'histoire.




Critique :



4 juillet 1976 : des terroristes détournent un avion Air France et prennent en otages 239 passagers. Cet événement reste encore marqué dans les mémoires : la tension, le soulagement quand les otages ont été libéré. Nous avons déjà eu droit à des films retraçant l'histoire (le plus célèbre reste celui de 1976 avec Anthony Hopkins et Elizabeth Taylor). Otages à Entebbe revient sur cet acte terroriste, filmé cette fois par le réalisateur José Padilha à qui on doit le remake de Robocop, quelques épisodes de la série Narcos ainsi que de nombreux documentaires. Alors que vaut cette énième adaptation ? Et bien, on en ressort mitigé.


Pourtant le début du film est prometteur, posant les bases du conflit israélo-palestinien et contextualiser ce qui se passait dans les années 70, sur fond d'un ballet contemporain signé Ohad Naharin. Les séquences de prise d'otages sont habilement filmées, en tension permanente. La prestation des acteurs est remarquable, Eddie Marsan en tête à la fois terrifiant et fier de lui. Mais alors qu'est-ce qui ne va pas ?
Otages à Entebbe est un bon film quand il s'intéresse à la prise d'otage même, mais tombe à plat quand le réalisateur filme les politiciens. Car le film a deux points de vues : celui des terroristes et celui du premier ministre israéliens et de son ministère. Et c'est là que le bat blesse : ces séquences ennuient vite et ne sont pas du tout intéressantes par rapport aux scènes d'otages. Le spectateur comprend vite ce qu'a voulu faire le réalisateur, ne pas rester uniquement sur les terroristes et avoir une vue d'ensemble des événements. Mais la différence de ton ne convient absolument pas et fait perdre la magnifique tension et l'attente fiévreuse de la prise d'otages. 



Parlons des points de vue justement. Car s'il y a bien une chose qu'on peut reprocher au film c'est ceci : la diversité des points de vue. C'est pourtant l'angle pris par le scénario et appuyé par la mise en scène. Existe-t-il réellement ? Quand on s'y intéresse de plus près : on s'aperçoit que ce soit pour les otages ou pour les terroristes le point de vue est majoritairement blanc. Ce sont les terroristes allemands (joué par Daniel Brühl et Rosamund Pike) qui sont constamment mis à l'avant (comme on le voit sur l'affiche) par rapport aux terroristes palestiniens. Parmi les otages, le film s'intéresse plus au mécanicien français (Denis Ménochet) qu'aux otages israéliens. On ne parle même pas des soldats ougandais qui sont oubliés ou le dirigeant du pays Amin Dada qui est présenté comme un personnage drôle (alors qu'il a donné l'ordre après le raid d'exécuter des civils kenyans vivant en Ouganda car le Kenya a soutenu l'Israel pendant la mission sauvetage... ceci n'est pas montré dans le film malheureusement). 


On ne peut s'empêcher de penser au film qu'aurait pu être Otages à Entebbe, un film proposant une véritable réflexion sur un passage horrible de l'Histoire du terrorisme contemporain tout en distillant du suspens et une tension insoutenable. Au final, nous avons droit à un film en demi-teinte. Et c'est dommage vu le potentiel du réalisateur et de son casting.

Laura Enjolvy 





Passé l'expérience douloureuse du remake de Robocop, relecture " modernisée " au moins autant redoutée par les fans que méchamment salopé dans les grandes largeurs par la MGM, le papa du bouillant Tropa de Elite José Padilha s'était refait une santé via la merveilleuse série Netflix Narcos, dont il a produit les deux premières saisons.
De retour dans les salles obscures avec un projet coup de poing, Otages à Entebbe, le bonhomme dépoussière avec force le film politique dans un thriller nerveux et hyperdocumenté, revenant sur un événement douloureux de l'histoire contemporaine de l'humanité avec une vision inédite.




Loin du triomphalisme gerbant et encore moins d'une reconstitution musclée (l'assaut prend une place minime de l'histoire), Padilha prend ses distances avec les faits pour mieux s'intéresser à tous les partis du conflit (le gouvernement israélien, les terroristes allemands et palestiniens, les otages - enfin une partie infime) avec un soucis obsessionel du détail (le cinéaste maîtrise pleinement le sujet) et croquer une réflexion fascinante sur une politique en crise, doublée d'un parallèle troublant entre l'histoire passée (la Seconde Guerre Mondiale) et présente (les conflits actuels).



On pourra aisément lui reprocher une certaine longueur - voire un côté dialectique un poil assommant -, oú une mise en avant plus prononcée de certains de ses " héros " (les terroristes allemands, campés par les convaincants Daniel Brühl et Rosamund Pike), mais Padilha range les armes et l'action pour mieux nous obliger à voir différemment un événement que l'on pensait tous connaître, et pour ça, on ne peut que féliciter son audace, même si son propos (comme sa forme) à déjà prêté et prêtera encore au débat.

Jonathan Chevrier




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