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[CRITIQUE] : Annihilation


Réalisateur : Alex Garland
Acteurs : Natalie Portman, Tessa Thompson, Jennifer Jason Leigh, Gina Rodriguez, Tuva Novotny, Oscar Isaac,...
Distributeur : Netflix France
Budget : 40 000 000 $
Genre : Science-Fiction.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h55min.

Synopsis :
Lena, biologiste et ancienne militaire, participe à une mission destinée à comprendre ce qui est arrivé à son mari dans une zone où un mystérieux et sinistre phénomène se propage le long des côtes américaines. Une fois sur place, les membres de l’expédition découvrent que paysages et créatures ont subi des mutations, et malgré la beauté des lieux, le danger règne et menace leur vie, mais aussi leur intégrité mentale.



Critique :





Passé de scénariste talentueux et demandé (28 Jours Plus Tard, Sunshine ou encore Never Let Me Go) à cinéaste férocement à suivre en l'espace d'un seul et unique film, Ex_Machina (où il traitait avec force et intelligence du thème pourtant usé de l'intelligence artificielle), le brillant Alex Garland était plus que méchamment attendue pour son second passage derrière la caméra, tant le mystérieux Annihilation, semblait avoir tout sur le papier, pour incarner la nouvelle bombe SF d'un genre qui en manque cruellement sur ces deux dernières décennies.
Adaptation (très) libre de la trilogie best-seller Le Rempart Sud de Jeff VanderMeer, figure de proue de la littérature New Weird, portée par un casting proprement indécent (Natalie Portman, Tessa Thompson, Jennifer Jason Leigh, Gina Rodriguez et Oscar Isaac), Annihilation permet non seulement à Garland de pleinement s'affirmer comme un formaliste de génie, mais surtout d'incarner, à l'instar du merveilleux Premier Contact, la définition parfaite de proposition science-fictionnelle aussi exigeante et complexe sur le fond, que férocement divertissante et grisante dans la forme; une gymnastique remarquable qui transpire l'amour du genre de tous ses pores.




Tour de force prodigieux jonglant constamment sur le fil ténu du spectacle total (à la lisière de la série B) et du film d'auteur à forte tendance métaphysique (la croyance en soi prime sur toute croyance en un Dieu qui n'a ici nullement sa place), vraie oeuvre polymorphe où la beauté côtoie constamment l'étrange et le lugubre au sein d'une étreinte à la radicalité et à l'intégrité à toute épreuve, la péloche est une plongée fascinante en terre aussi hostile qu'inconnue - et dont personne n'est jamais revenu -; un cadre surréaliste à l'atmosphère inquiétante où le temps ne semble avoir aucune emprise (seule la nature impose sa loi, évidemment implacable), dans lequel le cinéaste va peu à peu distiller une sensation de trouble au point de forcer son auditoire à pleinement lâcher prise et se laisser happer par ce cauchemar viscéral et hypnotique, dont on ne ressort pas complètement indemne.
Surfant avec subtilité sur les codes du genre, brouillant les pistes et son immersion en multipliant les interrogations et les bonds temporels avec un savoir-faire aussi pervers que machiavélique, Garland sonde les zones d'ombre de la nature humaine et pousse, comme pour Ex_Machina, son spectateur à redécouvrir encore et encore son oeuvre pour décrypter son infinie richesse tout en développant une nouvelle fois, ses nombreuses obsessions (la notion de deuil, de rédemption, d'humanité et la cellule familiale brisée en tête).




Visuellement incroyable, d'une mélancolie destructrice, citant un spectre large de références (les papes Scott et Tarkovski) montant petit à petit en tension et en puissance jusqu'à un final époustouflant, et même si l'on pourra sans doute, pour chipoter, reprocher à Garland de beaucoup trop polariser l'attention de sa plume sur le personnage de la biologiste - Lena - campée par Portman (parfaite), et moins sur le reste de ses personnages féminins, croquées avec plus ou moins (surtout) de finesse; Annihilation n'en est pas moins une oeuvre sombre et moderne qui, encore une fois comme Premier Contact, refuse justement toute la modernité de son genre pour mieux incarner un moment de cinéma étrange, poétique et poussant constamment à l'introspection.
Qui a dit classique instantané ?



Jonathan Chevrier





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