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[CRITIQUE] : The Birth of A Nation


Réalisateur : Nate Parker
Acteurs : Nate Parker, Armie Hammer, Penelope Ann Miller, Jackie Earle Haley, Mark Boone Junior,...
Distributeur : Twentieth Century Fox France
Budget : -
Genre : Biopic, Drame, Historique.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h50min.

Synopsis :
En un temps précédant la Guerre Civile américaine, Nat Turner est un prédicateur et un esclave cultivé. Son propriétaire, Samuel Turner, financièrement sous pression, accepte une offre visant à utiliser les dons de prédication de Nat dans le but d’assujettir des esclaves indisciplinés. Après avoir été témoin des atrocités commises à l’encontre de ses camarades opprimés, Nate conçoit un plan qui peut conduire son peuple vers la liberté.



Critique :



Salopé dans les grandes largeurs suite au scandale judiciaire entourant son réalisateur et acteur vedette, Nate Parker, The Birth of A Nation a sans doute vu son momentum totalement explosé pour pleinement incarner l'outsider number one d'une course aux statuettes dorées déjà bien entamée.
Dommage, car le dernier Festival de Sundance en date en avait pourtant fait son favori number one (il a remporté le Grand Prix et le Prix du Public) et quand on voit la qualité des films présentés dans la réunion du bon gout créé par le pape Redford, on était franchement en droit de faire du film, l'un des évènements d'un premier tiers 2017 particulièrement chargé.



En prenant pour sujet celui très fort de l'insurrection d'un groupe d'esclave noir, Nate Parker promettait sur le papier, de suivre les glorieux pas de Quentin Tarantino et - surtout - Steve McQueen en pointant du doigt les zones d'ombre d'une histoire américaine qui n'a (malheureusement) toujours pas retenu les leçons de ses actes barbares et racistes, en perpétuant encore et encore son penchant macabre pour la violence et la haine de l'autre (coucou Trump).
The Birth of A Nation, c'est donc l'histoire vraie passionnante de Nathaniel Turner, jeune noir exploité dans une plantation de coton sudiste qui, contrairement à ses semblables, sait lire et écrire.
Esclave modèle devenu pasteur forcé à prêcher la bonne parole blanche, il réussira à mener un groupe d'hommes pour s'insurger contre la torture, l’exploitation et la déshumanisation que subit son peuple dans l'Amérique post-Guerre de Sécession.
Un grand homme, à qui Parker va s'échiner de rendre hommage, avec plus ou moins de réussite.

Totalement conscient de l'importance de son propos (aux fortes résonances contemporraines), Parker - convaincant en rôle-titre -, fait de son premier long métrage un constat sanglant et douloureux de la naissance de l'Amérique, visuellement et psychologiquement brutal (l'esclavage en lui-même n'a d'ailleurs pas besoin d'être visible pour que le spectateur en capte toute l'horreur); un véritable devoir de mémoire sans concessions, qui s'avère néanmoins moins éprouvant que pouvait l'être le bien plus évocateur 12 Years a Slave.
Moins éprouvant mais surtout nettement moins épique et maitrisé que son glorieux ainé, car si le parcours de Nathaniel Turner est passionnant et évoquait directement celui de William Wallace (Braveheart rules !), sa version sur pellicule elle, est plombé tout du long autant par un manque de rythme évident que par une forte tendance du wannabe cinéaste à alourdir son propos aussi bien visuellement, que thématiquement (l'imagerie christique est assénée sans la moindre pincette, et sans aucun contrepoids scénaristique, le film ne montre aucune figure - autres que les esclaves - s'élevant contre l'esclavagisme), ôtant toute empathie possible à un spectateur trouvant souvent le temps bien long.



Lourd, racoleur et sans grande fulgurance d'un point de vue mise en scène, tout en étant incroyablement dur et nécessaire (on est loin du lyrisme poli du récent Free State of Jones), The Birth of A Nation est une péloche engagée, emportée par la fougue de son auteur, fougue maladroite mais fascinante autant dans ses qualités que dans ses quelques défauts.
Choc et essentiel à la fois dans son message investit sur la noirceur de l'âme humaine, tout en étant assez renfermé dans sa vision sans espoir de l'humanité (seule la violence peut-elle faire bouger les choses ?), le premier passage derrière la caméra de Nate Parker impressionne tout autant qu'il laisse un certain gout d'inachevé; mais il incarne sans l'ombre d'un doute, l'un des films les plus importants de ce premier trimestre de l'année ciné 2017.

Et une oeuvre qui, avouons-le, n'aurait décemment pas volé sa place dans la course aux statuettes dorées, loin de là...


Jonathan Chevrier


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