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[CRITIQUE] : Star Wars - Le Réveil de la Force


Réalisateur : J.J. Abrams
Acteurs : Daisy Ridley, John Boyega, Oscar Isaac, Adam Driver, Harrison Ford, Mark Hamill, Carrie Fisher, Domhnall Gleeson, Andy Serkis, Peter Mayhew, Anthony Daniels et Kenny Baker.
Distributeur : The Walt Disney Company France
Budget : 200 000 000 $
Genre : Action, Aventure, Science-Fiction.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h15min.

Synopsis :
Dans une galaxie lointaine, très lointaine, un nouvel épisode de la saga "Star Wars", 30 ans après les événements du " Retour du Jedi ".


Critique :


[ATTENTION : Nous vous prévenons à l'avance, cette critique contient bon nombre de spoilers sur l'intrigue du Réveil de la Force, tant il est difficile pour tout critique de ne pas se laisser enivrer par la douce folie des révélations face à une telle péloche.
Donc, tous ceux qui ne veulent pas tout - ou presque - découvrir de ce film et conserver ainsi sa magie, devront attendre sa vision pour mieux apprécier notre avis ]



C'est peu dire que d'affirmer que cette date du 16 décembre 2015 sera inscrite au fer rouge dans l'histoire du septième art mondiale tant Le Réveil de la Force, véritable monument à part entière, incarne à la fois le film le plus maladivement attendu de ce début de siècle (voir même de ces trente dernières années, tout court) mais également le pari le plus risqué du cinéma contemporain.

Délesté de son paternel George Lucas, aux prises de décisions de plus en plus déclinante (sa frustrante prélogie mise en scène quasiment en post-production, et dont on ne retiendra que le dernier tiers furieux et poignant de La Revanche des Siths), pour finalement être mise en boite par le maitre du " refaisage "/fils prodigue de Steven Spielberg, J.J. Abrams, seul et unique chosen one possible (qui avait déjà réussi la prouesse de redonner un coup de fouet salvateur à une autre franchise phare, Star Trek) dont l'amour pour la saga n'est plus à prouver; Star Wars 7 n'a eu de cesse d'occuper les conversations cinéphiliques depuis plus de deux ans maintenant.


Une omniprésence sur toutes les lèvres intelligemment nourrit par un épais brouillard de mystère - le principe de la " Mystery Box ", dont Abrams s'est fait un expert est ici poussé à son paroxysme - mais surtout une ambition scénaristique folle de faire coïncider sur un petit peu plus de deux heures, les aventures de la trilogie mère et celle d'une toute nouvelle, conçue à deux plumes (Abrams et Lawrence Kasdan, déjà derrière L'Empire Contre-Attaque et Le Retour du Jedi), calquée sur la politique, payante, du Marvel Cinematic Universe (plusieurs spins-off sont dans les cartons) et portée par une avalanche de nouveaux personnages incarnés par un casting aux petits oignons.

Réalisé " à l'ancienne " - tout en jouissant, bien entendu, des dernières avancées techniques - par un cinéaste devant jongler aussi bien avec les attentes immenses du public que son enthousiasme démesuré de fan (qui aurait pu nuire grandement à sa créativité), The Force Awakens se devait de bouleverser l'équilibre de la force de cette riche année ciné 2015 et rendre justice au fantasme ultime de millions de spectateurs, cet " après " espéré depuis trente-deux ans.

Après vision, plus qu'un pari relevé de la tête et des épaules par un cinéaste ayant redonner ses lettres de noblesses aux chevaliers Jedis, Star Wars - Le Réveil de la Force est sans l'ombre d'un doute le meilleur blockbuster de l'année tout autant que le digne héritier (le thème de la transmission est le véhicule même du film) de la trilogie originale.

Nous pouvons enfin tous dormir tranquille, la saga est réellement entre de bonnes mains...


Loin d'un fan service à la nostalgie opportuniste, le précieux J.J. Abrams réalise la prouesse d'offrir de poignantes et vibrantes retrouvailles avec les héros que l'on a tant aimé, tout autant que de tourner la page (quitte à sacrifier, de manière déchirante, ses personnages phares) et de cultiver à merveille le rapport intime que l'on entretient avec la plus célèbre des franchises sur grand écran.

Celui-ci s'amusant même des clins d’œils évident qu'il lance dans son rétroviseur aux trois premiers films, tant les parallèles familiers sont aussi nombreux que passionnant et démontre pleinement l'objet de fascination ultime qu'incarne Le Réveil de la Force; soit tout simplement une version modernisé d'Un Nouvel Espoir, avec son parcours initiatique sous forme de voyage extraordinaire, du - ou plutôt des ici - héros vedette à la vie morne et ne pouvant résister à l'appel séduisant de l'aventure.

On pourrait d'ailleurs - certains ne se gêneront pas - vulgairement le considérer comme un reboot/relecture contemporaine/remake copie-calque de celui-ci vu ses (très) nombreux emprunts (histoires de familles compliquées, Rey est très proche de Luke, la fameuse scène de la cantina, BB8 est pourchassé parce qu'il détient la carte qui mène à Luke tout comme R2D2 l'était parce qu'il détenait les plans de l’Étoile Noire; dite étoile ici plus ou moins présente et encore plus grosse et puissante), si Abrams ni injectait pas une porté thématique imposante qui respecte la mythologie déjà en place tout en ouvrant un nouveau monde emplit de possibilités excitantes qu'il prend judicieusement bien son temps d'établir.


Que ce soit par le choix osé et remarquable - à l'instar de Mad Max Fury Road - de prendre pour figure centrale un personnage féminin captivant et finement croqué (Rey, vraie héroïne de cinéma), d'instaurer un nouveau monde vivant (en constante évolution) et haut en couleur, de continuer vaille que vaille la guerre Empire (Premier Ordre, toujours aussi totalitaire) v.s Rébellion (Résistance) ou même celui d'imposer un super-vilain (Kylo Ren) tout aussi charismatique que Dark Vador, mais à la profondeur bien plus riche.

Car finalement, il était bien là le gros défi de J.J. Abrams, trouvé non pas un digne successeur à Luke Skywalker mais bel et bien à son père, Anakin aka Dark Vador, véritable héros de la franchise qui cristallise presque à lui seul l'aura multi-générationnelle de Star Wars.

Plus torturé et rageur que Lord Vader, le bras armé et dangereux du Premier Ordre Kylo Ren - merveilleusement campé par un Adam Driver qui n'en fini plus de nous éblouir -, est la personnification parfaite du côté obscur de la force et sa filiation à deux des héros originaux (il est le fils d'Han Solo et Leïa, une annonce faîte très tôt et ressemblant grandement au " je suis ton père " de l'Empire Contre-Attaque) ne fait que décupler sa puissance évocatrice, surtout en l'absence de Vrai ennemi à sa taille (et l'absence un tantinet lâche de Luke Skywalker).

Seul ses motivations un peu trouble (suivre les pas de son grand-père, lui qui n'est pas au courant du revirement de celui-ci pour sauver son fils, peu avant sa disparition) entache un brin son aura.


Aux rayons des réjouissances, outre un tournage en décors naturels tout simplement renversant (ça change du tout numérique de la prélogie, et la 3D épouse à merveille ce bon parti-pris), un rythme maitrisé (aucun temps mort durant les 2h15), une ironie retrouvée (les dialogues ciselés de Kasdan) et des scènes de poursuites/batailles au sabre laser époustouflantes; on se prend franchement d'affection pour les nouveaux arrivants, que ce soit Rey (Daisy Ridley, sublime), Finn (John Boyega, convaincant) et l'enthousiasmant BB8, qui prennent pleinement possession de l'héritage Star Wars.

Mieux, on retrouve même avec un plaisir non-feint un Han Solo toujours aussi roublard (on ne se lasse pas de son duo avec Chewie) et une Leïa bien plus sage, sans oublier la partition appliquée de John Williams (qui, certes, ne fait en gros que réarranger certains thèmes phares de la saga), acteur à part entière des sept films.

En revanche, on regrettera certainement le manque de présence aussi bien de Poe Dameron (fantastique Oscar Isaac, qui a tout pour être le nouveau Han Solo), du Captain Phasma (au potentiel énorme) que du Supreme Leader Snoke (Andy Serkis, personnage mystérieux dont on crève d'avance d'en savoir plus à son sujet); la faute à une envie gourmande mais louable d'Abrams et Kasdan d'offrir le plus de points de regards possibles sur leur peinture de maitre.


Alors même si la prise de risque est minimum (le film, logiquement tourné vers le passé, caresse dans le sens du poil les fans tout en étant ouvert à tous les publics) et que certains défauts sont assez visible dès la première vision, on ne peut que s'incliner devant la réussite indéniable qu'est ce Réveil de la Force; un divertissement implacable, poignant (les larmes ne sont jamais loin), généreux, méta, solide dans ses faiblesses et tout simplement total, qui renoue avec l'essence même de la saga tout en incarnant avec panache la pierre charnière du nouvel édifice Star Wars.

Autant l'avouer tout de suite, on trépigne déjà d'impatience de découvrir les réponses à nos (nombreuses) questions dans l'Episode VIII - et encore plus vu la manière dont se clôture ce septième opus -, dont la ressemblance avec l'Empire Contre-Attaque s'annonce déjà frappante.

Le hic, c'est qu'il va falloir attendre plus d'un an et demi pour voir notre attente comblée...


Jonathan Chevrier


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