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[CRITIQUE] : Maryland


Réalisateur : Alice Winocour
Acteurs : Matthias Schoenaerts, Diane Kruger, Tom Hamy,...
Distributeur : Mars Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Belge.
Durée : 1h38min.

Synopsis :
De retour du combat, Vincent, victime de troubles de stress post-traumatique, est chargé d’assurer la sécurité de Jessie, la femme d'un riche homme d'affaires libanais, dans sa propriété « Maryland ».
Tandis qu'il éprouve une étrange fascination pour la femme qu'il doit protéger, Vincent est sujet à des angoisses et des hallucinations. Malgré le calme apparent qui règne sur « Maryland », Vincent perçoit une menace extérieure...



Critique :


Trois ans tout pile après son intense Augustine, qui narrait la relation trouble sur fond de folie entre le professeur Charcot (immense Vincent Lindon) et sa plus célèbre patiente Augustine (la jolie Soko), la prometteuse cinéaste frenchy Alice Winocour nous revient plus en forme que jamais en cette fin d'année ciné 2015 avec un second long métrage.

Maryland, drame franco-belge fraichement sortie d'une présentation au dernier Festival de Cannes (dans la section Un Certain Regard) ou elle y dévoila également le merveilleux Mustang de Deniz Gamze Ergüven, pour lequel elle est crédité en tant que co-scénariste.


Porté par le méchamment charismatique Matthias Schoenaerts et la sublime Diane Kruger, Maryland suit l'histoire de Vincent, un soldat de retour d'Afghanistan victime de troubles de stress post-traumatique, et qui est chargé d’assurer la sécurité de Jessie, la femme d’un riche homme d’affaires libanais, dans sa propriété « Maryland ». 
Tandis qu’il éprouve une étrange fascination pour la femme qu’il doit protéger, Vincent est sujet à des angoisses et des hallucinations.

Malgré le calme apparent qui règne sur « Maryland », Vincent perçoit une menace extérieure…

Véritable film de genre à la française aux atours de séries B US des 90's avec son histoire de femme menacée protégé par un garde du corps puissant mais traumatisée (et la comparaison ne s'arrête pas là), le film ressemblerait presque un remake inavoué et hexagonal du nanardesque  - mais culte - Bodyguard de Mick Jackson tout autant qu'un hommage appuyé à Panic Room (dans un dernier tiers façon home invasion) et au vénéré Drive de Refn, que ce soit dans sa dynamique (et sa volonté de brasser les genres en incarnant un thriller d'action romantico-intime mâtiné un brin de gore), son excellente bande son électro et la caractérisation de son héros mutique.


Alors certes, Winocour démontre une nouvelle fois sa passion pour les âmes tourmentées et son étude de l'attirance/fascination amoureuse - quoique ici difficilement compréhensible -, mais sur un tout petit peu plus d'une heure et demie, elle peine a créer une romance impossible un tant soit peu crédible ni même à développer la supposée complexité d'une intrigue aux ressorts dramatique pêchant pas leur manque d'impact psychologique (à la limite du ridicule, notamment dans la scène de la tentative d'enlèvement) mais surtout par un manque cruelle de tension (mis à part la scène cité précédemment).

Clairement scindé en deux, répétitif et au rythme bancal malgré une mise en scène léchée et appliqué (mention au travail sur le montage acerbe et le son), scénaristiquement simpliste voir à côté de la plaque puisque ne traitant jamais pleinement son sujet et se parant d'une pluie de dialogues creux, Maryland s'inscrit bien plus dans la lignée des peu reluisantes séries B made in Europa Corp que dans celle des péloches de l'inestimable Jacques Audiard (Un Prophète et De Rouilles et d'Os en tête, dont l'influence se ressent également dans le film) ou même de celles jouissives et efficaces du cinéma ricain.

Même la lumineuse Diane Kruger, en pilote automatique et pas franchement servi pas un rôle sous-écrit et ingrat, n'a pas les moyens de relever vers le haut une histoire audacieuse mais sans véritable relief.


Reste Matthias Schoenaerts, impeccable en ex-soldat introverti à la fureur intérieur bouillonnante et dont la caméra amoureuse de Winocour l'intronise sans détour comme l'icône musclée la plus bandante du moment au sein d'un cinéma de genre français qui en manque cruellement (on le sait, Vincent Cassel ne peut pas tout porter sur ses larges épaules).

Même s'il est difficile de ne pas passer outre le surlignage abusif de sa paranoïa, le charisme animal du comédien doublé à des scènes de fight vraiment réussites font de son Vincent un frangin pas si éloigné du tout aussi bourru Ali du De Rouilles et d'Os signé... Audiard.

Divertissant, référencé et original même si beaucoup trop maladroit pour convaincre, Maryland aurait décemment pu faire mouche avec un scénario moins sommaire (malgré une multitude de pistes narratives assez étonnante pour un film de genre) et une caractérisation des personnages plus profonde.
On saluera tout de même l'essai, prouvant qu'après Augustine (et Mustang), Alice Winocour est une de ses jeunes cinéastes dont le parcours s'évertuera à s'éloigner des sentiers battus.


Jonathan Chevrier


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