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[CRITIQUE] : Crimson Peak


Réalisateur : Guillermo Del Toro
Acteurs : Mia Wasikowska, Tom Hiddleston, Jessica Chastain, Charlie Hunnam,...
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : 55 000 000 $
Genre : Epouvante-Horreur.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h59min.

Synopsis :
Au début du siècle dernier, Edith Cushing, une jeune romancière en herbe, vit avec son père Carter Cushing à Buffalo, dans l’État de New York. La jeune femme est hantée, au sens propre, par la mort de sa mère. Elle possède le don de communiquer avec les âmes des défunts et reçoit un étrange message de l’au-delà : "Prends garde à Crimson Peak". Une marginale dans la bonne société de la ville de par sa fâcheuse "imagination", Edith est tiraillée entre deux prétendants: son ami d’enfance et le docteur Alan McMichael.

Critique :



Quoiqu'en diront certains, Guillermo Del Toro est sans conteste l'un des cinéastes majeurs de ces vingt dernières années, un bonhomme des plus talentueux et attachants possédant une filmographie parfaite (oui, elle l'est) et pouvant se targuer de ne jamais décevoir des cinéphiles entièrement - ou presque - acquis à sa cause.

Tout simplement un putain de génie de la pellicule, et inutile d'admettre qu'il nous faudrait bien des heures et bien des qualificatifs pour lui rendre justice au degré qu'il le mérite.
Et ce n'est pas son dernier long en date, le foutrement attendu Crimson Peak, qui allait changer cette donne tant il s'annonçait comme la continuité séduisante de ses contes hispaniques L’Échine du Diable mais surtout Le Labyrinthe de Pan, deux chefs d’œuvres indiscutables.


La promesse d'une nouvelle claque sur grand écran, le tout porté par un casting affolant l’érectomètre du bon gout : les sublimes Jessica Chastain et Mia Wasikowska, et les non-moins séduisants Tom Hiddleston et Charlie Hunnam - qui retrouve GDT deux ans après le jouissif et rutilant Pacific Rim.

Crimson Peak donc, ou l'histoire au début du siècle dernier, d'Edith Cushing, une jeune romancière en herbe qui vit avec son père Carter Cushing à Buffalo, dans l’État de New York.
La jeune femme est hantée, au sens propre, par la mort de sa mère.
Elle possède le don de communiquer avec les âmes des défunts et reçoit un étrange message de l’au-delà : "Prends garde à Crimson Peak".

Une marginale dans la bonne société de la ville de par sa fâcheuse "imagination", Edith est tiraillée entre deux prétendants: son ami d’enfance et le docteur Alan McMichael...


Si son merveilleux Le Labyrinthe de Pan pouvait s'apparenter à une lecture sombre d'Alice aux Pays des Merveilles, en revanche son nouvel essai se rapproche lui bien plus de Cendrillon (douce ironie, quand on sait que la belle Mia avait joué Alice pour Tim Burton, autre maitre du gothique, dans sa plus ou moins séquelle d'Alice aux Pays des Merveilles justement), invité au beau milieu des ténèbres dans la cathédrale de l'horreur aux blessures béantes.

Conscient de l'aspect hautement classique de son intrigue, Del Toro se joue de la prévisibilité certaine de son histoire et de ses nombreux rebondissements (il ne renouvelle rien au genre, et il ne s'est jamais targué de vouloir le faire) pour signer une ghost story pas comme les autres - à l'instar de son Échine du Diable - et cohérente de bout en bout.

Une ghost story ou les spectres du film sont bel et bien réels, ou les humains s'avèrent une nouvelle fois bien plus horrible que les entités surnaturelles et ou le cinéaste s'échine une nouvelle fois à privilégié ses personnages au fantastique, leurs actes menant à une métamorphose inéluctable (thème charnière du cinéma du cinéaste, ici symbolisé par les papillons).
Un vrai/faux film d'horreur terrifiant (et respectant au pied de la lettre tous les codes du genre) dont l'angoisse sert à merveille une sublime romance gothique et malsaine ou la mort et l'amour s’enlace pour ne plus former qu'un au sein d'un univers sombre et angoissant à la méticulosité et au soucis du détail proprement indécent.


Un opéra baroque et glauque d'une richesse visuelle absolument grandiose prenant la forme généreuse d'un bel hommage appuyé aussi bien à l'époque faste de la Hammer (du cadre - les landes anglo-normandes - jusque dans le nom de l'héroïne, citant directement le grand Peter Cushing qui aura longtemps incarné une des tops stars du studio britannique) qu'au culte Les Innocents de Jack Clayton et à la maestria gothique de l’œuvre de Mario Bava; le tout porté par un trio d'acteurs renversant.

Tom Hiddleston en tête, flamboyant dans la peau méprisante mais touchante de Sir Thomas Sharpe, son meilleur rôle à ce jour.
A ses côtés, Jessica Chastain est quand à elle ahurissante en vénéneuse et rugueuse, Lady Lucille Sharpe qui peu à peu glisse dans une noirceur et une violence sourde.

Proprement déstabilisante, son jeu tout en retenue offre un beau contrepoint à la pureté incarnée par la douce Mia Wasikowska, dont la transformation par le sang, le sexe et la mort va très vite lui faire quitter l'âge de l’innocence pour celui bien plus douloureux (mais séduisant) de l'âge adulte.


Magnifique, gothique et 100% old school, Crimson Peak est une œuvre morbide à la beauté fragile et glaçante qui clôture admirablement la trilogie fantomatique subvertissant le conte de fée de GDT entamé par L’Échine.
Et tout comme Le Labyrinthe, il est un objet filmique fascinant qui hantera nos esprits encore longtemps après sa vision.

Certainement pas son métrage le plus définitif (encore une fois, Le Labyrinthe de Pan reste et restera son masterpiece absolu), mais sans l'ombre d'un doute une nouvelle et somptueuse exploration des ténèbres à mettre au crédit de sa somptueuse filmographie décidément sans aucune fausse note.


Jonathan Chevrier


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