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[CRITIQUE] : Microbe et Gasoil


Réalisateur : Michel Gondry
Acteurs : Ange Dargent, Théophile Bacquet, Audrey Tautou, Diane Besnier,...
Distributeur : StudioCanal
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h43min.

Synopsis :
Les aventures débridées de deux ados un peu à la marge : le petit "Microbe" et l'inventif "Gasoil". Alors que les grandes vacances approchent, les deux amis n'ont aucune envie de passer deux mois avec leur famille. A l'aide d'un moteur de tondeuse et de planches de bois, ils décident donc de fabriquer leur propre "voiture" et de partir à l'aventure sur les routes de France...



Critique :


Honte à celles et ceux qui aujourd'hui, ne seraient pas capable de répondre à la question : " Mais qui qui c'est Michel Gondry ? "

En l'espace d'une dizaine d'années, il s'est instinctivement installé dans la psyché des véritables cinéphiles comme le digne descendant (voir même successeur) du maitre George Meliès, un doux rêveur, bricoleur talentueux aussi fantaisiste que poétique et décalé, au physique et à la filmographie follement attachante.


Mais si aux États-Unis on ne doute pas un seul instant de son talent, en France - public éternellement insatisfait -, on a encore tendance à pas mal bouder ses péloches, comme si nous avions tous perdu dans l'hexagone, notre esprit de grand enfant.

Ses ambitions Hollywoodiennes mis au placard après le four un peu immérité de son sympathique The Green Hornet - pourtant bourré d'idées hallucinantes -,et un brin échaudé par le succès plus que timide de son pourtant formidable L’Écume des Jours,  le voilà de retour au sein du très riche mois de ciné de juillet avec son alléchant Microbe et Gasoil, promesse d'une péloche légère comme il sait si bien les faire, un petit plaisir estival dans la droite lignée de sa chronique adolescente The We and I.

Car Microbe et Gasoil conte les aventures débridées de deux ados un peu à la marge : le petit "Microbe" et l'inventif "Gasoil".
Alors que les grandes vacances approchent, les deux amis n'ont aucune envie de passer deux mois avec leur famille.
A l'aide d'un moteur de tondeuse et de planches de bois, ils décident donc de fabriquer leur propre "voiture" et de partir à l'aventure sur les routes de France...


Plus intimiste et épuré que L’Écume des Jours mais surtout infiniment plus fédérateur (la folie créatrice du bonhomme est ici plus bridé), convoquant autant la nostalgie que l'empathie de son auditoire qui ne peut que plonger tête la première dans une aventure aussi rafraichissante que réjouissante; avec Microbe et Gasoil, Gondry opère un retour aux sources salvateur et renoue avec la magie de son art de la bricole pour signer ni plus ni moins qu'un enthousiasmant et génial teen movie sous forme de road trip initiatique comme on les aime.

Comme à son habitude, le papa de Human Nature prend pour antihéros des outsiders/losers attachants (on pense bien sur au duo débrouillard de Be Kind Rewind), des héros fraichement ancrés dans la classe moyenne - et donc plus proche du spectateur lambda -, pour conter son histoire d'amitié hors norme entre deux ados qui ont pour but fou de pouvoir construire leur propre mobile home histoire de se payer des vacances sans les parents, libre de s'amuser sans contrainte et d'échapper un temps à la dureté de la vie adolescente (le quotidien scolaire quand on est considéré comme des losers, la maturité précoce, le désir de rébellion, la sexualité, la difficulté de se faire une place au sein de la société et de s'affranchir du regard des autres).

Authentique, ludique et naïf, joliment personnel et autobiographique (on sent que le cinéaste retranscrit sa jeunesse ici, et surtout via le personnage de Microbe), contemporain mais pas trop (une chronique adolescente sans les affres du 2.0, ça fait du bien), porté par une finesse d'écriture remarquable qui se ressent autant dans ses excellents dialogues que dans la profondeur de ses personnages; Microbe et Gasoil est tout simplement une pure merveille hors du temps - savoureusement coincé entre notre époque et les 70's -, décalé et jubilatoire.


Mieux, à la différence de la majorité des teen movies pondus ces dernières années dans l'hexagone, le film jouit d'un casting en tout point convaincant, le jeune duo délirant et singulier Ange Dargent/Théophile Bacquet offrant une composition d'une simplicité et d'un naturel confondant, la ou la toujours aussi juste Audrey Tautou incarne avec justesse une mère de famille intrusive mais aimante.

Du pur Gondry, une parenthèse lunaire, fougueuse et enchanteresse, une bulle de légèreté humaine et irrésistible sous fond de vrai moment de cinéma qui fout la banane.

Bref, une belle bouffée d'air frais cocasse et originale au sein d'un riche mois de ciné de juillet, qui incarne décemment l'un des passages obligés dans les salles obscures.


Jonathan Chevrier



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