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[CRITIQUE] : Manglehorn


Réalisateur : David Gordon Green
Acteurs : Al Pacino, Holly Hunter, Chris Messina, Harmony Korine,...
Distributeur : The Jokers
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h37min.

Synopsis :
AJ. Manglehorn, un serrurier solitaire vivant dans une petite ville, ne s’est jamais remis de la perte de l’amour de sa vie, Clara. Obsédé par son souvenir, il se sent plus proche de son chat que des gens qui l’entourent et préfère trouver du réconfort dans son travail et sa routine quotidienne. Malgré tout, il entretient des relations humaines fragiles en maintenant un contact intermittent avec son fils, en ressentant une fierté mal placée pour son ancien protégé qui s’est détourné du droit chemin et en construisant une amitié prudente avec une femme au grand cœur guichetière à la banque. Alors qu’un nouvel amour se dessine, il se retrouve à la croisée des chemins et doit choisir entre rester enlisé dans le passé et vivre le présent.



Critique :


Al Pacino est l'un des plus grands performeurs de ces quarante dernières années, voir même n'ayons pas peur des mots, l'un des plus grands acteurs de l'histoire du cinéma, tout court.

Même si sa carrière est des plus inégales comparé à son rival de toujours, le tout aussi grand Robert De Niro, le bonhomme compte quand même dans sa filmographie plus d'un chef d'oeuvre et plus d'un rôle majeur, de la trilogie du Parrain à Serpico, en passant par Scarface, Heat, L'Impasse, Un Après-Midi de Chien ou encore Mélodie Pour un Meurtre, L'Enfer du Dimanche et Révélations.


La liste est longue mais elle s'étiole depuis le début des années 2000, et plus précisément 2002 et le génial Insomnia de Christopher Nolan, puisque mis à part quelques séries B divertissantes (La Recrue, 88 Minutes, Un Flic pour Cible) et de gros ratage bien gras (Ocean's 13, Jack & Julie, La Loi et l'Ordre surtout), mais des passages remarqués à la télévision (La Vérité sur Jack et Phil Spector sur HBO); le bonhomme n'a rien fait de bon - tout comme De Niro -, pire même, il a sérieusement entacher sa merveilleuse aura auprès des cinéphiles les plus endurcis que nous sommes.

Menant sa barque au gré des contrats lui permettant de payer ses impôts, le bon vieux Al semble pourtant s'offrir un dernier sursaut d'orgueil ces derniers mois, comme si à l'orée de sa riche carrière, le bonhomme désirait montré à tous qu'il n'a rien perdu de sa superbe, qu'il est encore et toujours ce grand Pacino qui nous a tant fait aimer le septième art.

Une quête de rachat qui est passé par l'excellent dernier long-métrage de Barry Levinson - déjà à la réalisation de La Vérité sur Jack -, The Humbling, ou notre big Al brille de mille feux, mais surtout le nouveau film de David Gordon Green, Manglehorn.


Un cinéaste de talents qui va s'occuper de mettre le célèbre Tony Montana dans les meilleures dispositions possible pour son ultime run, après avoir permis au jadis génial Nicolas Cage, de signer l'une des plus touchantes et intenses performances de sa carrière, en héros solitaire/barbu au grand coeur dans le sublime Joe.

Manglehorn donc, ou l'histoire justement, de Angelo J. Manglehorn, un serrurier solitaire vivant dans une petite bourgade des Etats-Unis, un homme vieillissant qui ne s'est jamais réellement remis de la perte de l'amour de sa vie, Clara.
Obsédé par son souvenir, il se sent plus proche de sa chatte Fanny, que des gens qui l'entoure, et a finalement choisi du réconfort dans son travail et sa routine quotidienne.

Malgré tout, il entretient des relations humaines fragiles en maintenant un contact intermittent avec son fils Jacob, sa petite-fille et surtout Gary, un ancien toxico qu'il a pris sous son aile.
Manglehorn a entrepris de construire une étrange amitié amoureuse avec Dawn, employée de banque au grand cœur.
Mais saura-t-il trouver la bonne clé pour se libérer à jamais des secrets du passé ?


Par le biais du périple douloureux d'Angelo, Green continue donc sa peinture craquelée de l'américain moyen, ici vieillissant et aussi bien confronté à la rudesse du temps qui passe qu'au terrible joug des regrets d'un amour de jeunesse perdu.

Avec une histoire des plus simplistes et une mise en scène maîtrisée (mais à l'esthétisme parfois assez hasardeux), le bonhomme se perd pourtant dans le traitement corseté d'un " je t'aime, moi non plus " pour un personnage fascinant mais finalement des plus banal et aigre, un héros excentrique et qui se hait, au quotidien morne et d'une tristesse absolue.

Pire, son nouvel essai s'apparente très vite à une chronique désespérée - mais un chouïa teinté d'espoir -, manquant cruellement de chair et de lyrisme au point même de paraître follement convenue, ennuyeuse et foutrement bavarde, tant elle a déjà été vu mille fois ailleurs - et en mieux.


Fort heureusement pour lui, Pacino - impeccable et totalement voué à sa cause -, arrive avec une subtilité de jeu remarquable, à rendre méchamment attachant un Manglehorn que le cinéaste ne cesse de vouloir rendre détestable, suscitant l'antipathie, le rejet et même l'incompréhension de par ses actes et son refus quasi-total d’interaction sociale, hors ses relations " obligées " ou presque.

Absolument parfait, il est épaulé dans sa tâche par les prestations très juste de Chris Messina (comme d'habitude) mais surtout de la sublime et trop rare Holly Hunter.
Ces scènes avec celles-ci s'avèrent d'ailleurs les plus intéressantes du métrage, notamment celle, bouleversante, ou Hunter ouvre son cœur à Angelo qui, hermétique, lui fait réaliser que seul sa chère et perdue Clara n'a d'intérêt à ses yeux.

Car il est bien là, l'intérêt principal de ce Manglehorn, drame singulier sur un homme antipathique qui peine à trouver le ton juste là ou ses comédiens eux, sont pourtant constamment magnifiques.


 Jonathan Chevrier


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