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[CRITIQUE] : The Humbling


Réalisateur : Barry Levinson
Acteurs : Al Pacino, Greta Gerwig, Dianne West, Nina Arianda, Dylan Baker, Kyra Sedgwig, Charles Grodin, Dan Hedaya,...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Drame, Comédie.
Nationalité : Américain, Italien.
Durée : 1h52min.

Synopsis :
Célèbre comédien de théâtre, Simon Axler sombre dans la dépression au point de devenir suicidaire lorsqu’il perd soudainement et inexplicablement son don. Pour tenter de retrouver le feu sacré, il entame une liaison avec une lesbienne deux fois plus jeune que lui. Mais très vite, leur relation sème le chaos tandis que d’anciennes connaissances du couple réapparaissent dans leur vie...


Critique :


Al Pacino est l'un des plus grands performeurs de ces quarante dernières années, voir même n'ayons pas peur des mots, l'un des plus grands acteurs de l'histoire du cinéma, tout court.

Même si sa carrière est des plus inégales comparé à son rival de toujours, le tout aussi grand Robert De Niro, le bonhomme compte quand même dans sa filmographie plus d'un chef d’œuvre et plus d'un rôle majeur, de la trilogie du Parrain à Serpico, en passant par Scarface, Heat, L'Impasse, Un Après-Midi de Chien ou encore Mélodie Pour un Meurtre, L'Enfer du Dimanche et Révélations.

La liste est longue mais elle s'étiole depuis le début des années 2000, et plus précisément 2002 et le génial Insomnia de Christopher Nolan, puisque mis à part quelques séries B divertissantes (La Recrue, 88 Minutes, Un Flic pour Cible) et de gros ratage bien gras (Ocean's 13, Jack & Julie, La Loi et l'Ordre surtout), mais des passages remarqués à la télévision (La Vérité sur Jack et Phil Spector sur HBO); le bonhomme n'a rien fait de bon - tout comme De Niro -, pire même, il a sérieusement entacher sa merveilleuse aura auprès des cinéphiles les plus endurcis que nous sommes.


Menant sa barque au gré des contrats lui permettant de payer ses impôts, le bon vieux Al semble pourtant s'offrir un dernier sursaut d’orgueil ces derniers mois, comme si à l'orée de sa riche carrière, le bonhomme désirait montré à tous qu'il n'a rien perdu de sa superbe, qu'il est encore et toujours ce grand Pacino qui nous a tant fait aimer le septième art.

Une quête de rachat qui passera par l'alléchant nouveau film de David Gordon Green, Manglehorn, et donc le nouveau Barry Levinson - déjà à la réalisation de La Vérité sur Jack -, The Humbling, annoncé comme le meilleur film du célèbre Tony Montana depuis des lustres, a en croire les louanges reçu par sa performance dans les divers festivals ou il a crée l'événement.

Totalement voué à sa cause - il est de tous les plans - et presque méta, sorte de Birdman/Black Swan plus mur et moins fou et onirique, The Humbling prend pour thème les affres du métier d'acteur, et plus précisément par le prisme d'un comédien vieillissant (la vieillesse y est traitée avec beaucoup de pudeur) et peu à peu sénile, Simon Axler, ancienne gloire de la profession dont le talent et l'aura furent les victimes du temps qui passe.


Il a perdu son mojo, son mariage et la foi en son métier à tel point que le suicide serait presque devenu pour lui, la plus belle des portes de salut.
Mais sa rencontre avec la belle Pegeen, deux fois plus jeune que lui, va peut à peut lui redonner gout à la vie et confiance en son talent légendaire...

En cinéaste avisé toujours bien conscient de la force de son cinéma, Barry Levinson, l'un des meilleurs cinéastes ricains depuis plus de trente ans et à qui l'on pardonnera aisément ses récents écarts sur pellicules (les mauvais The Bay, Man of The Year ou encore Bienvenue à Hollywood), fait décemment de son nouveau long un cadeau pour un Al Pacino qui n'en demandait plus tant, tout autant qu'un parfait exutoire pour y dépeindre ses nombreux états d'âme d'artiste mais surtout d'homme à l'âge avancé, sur le point de ranger le tablier mais qui en a encore beaucoup de belles choses à dire.

Cabotinant comme dans ses plus beaux jours, l'acteur, facile, y est éblouissant, épanouit comme jamais dans une œuvre lui permettant d'exprimer pleinement son amour du cinéma mais surtout de la scène et du théâtre.
Et tout comme son personnage, il semble renaitre aux côtés de la merveilleuse Greta Gerwig, excellente en lesbienne en quête d'identité sexuelle, excentrique mais attachante - et que dire de la sublime et beaucoup trop rare Dianne West.


Tout comme Levinson, elle pousse Pacino dans ses derniers retranchements, l'oblige à se transcender, à croire à une possible ultime jeunesse et avant tout à lutter contre l'inéluctabilité (la retraite et d'une certaine manière, la mort), dans un face à face constant avec son auditoire (la scène pour Axler, la caméra pour Al) à qui il s'adresse avec une sincérité des plus savoureuses et bouleversantes.

Dès l'introduction, il emporte l'attention du spectateur pour ne plus jamais la lâcher, et signe in fine sa plus belle performance depuis très longtemps, et sans aucun doute l'un des plus beaux rôles de sa riche carrière.

Jeux des miroirs parfois inégal mais profondément authentique et humble, drôle (le comique de situations et les dialogues font souvent mouches) et sombre - le fantôme du suicide hante tout le métrage -, joliment fluide jusqu'à un final en apothéose des plus émouvants (sur fond d’une relecture du Roi Lear), The Humbling est un merveilleux hommage au métier d'acteur de théâtre doublé d'une intelligente et contemplative dramédie sur les regrets, la vieillesse et l'oubli identitaire.


Dénué de tout cynisme, poignant, beau et désespéré, la péloche permet à l'immense Al Pacino de renaitre une nouvelle fois de ces cendres, peut-être pour son ultime baroud d'honneur, ce qui rend donc sa vision hautement précieuse et notre amour pour l'acteur encore plus solide.


Jonathan Chevrier


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