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[CRITIQUE] : Still Alice


Réalisateur : Richard Glatzer et Wash Westmoreland
Acteurs : Julianne Moore, Alec Baldwin, Kristen Stewart, Kate Bosworth,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain, Français.
Durée : 1h39min.

Synopsis :
Mariée, heureuse et mère de trois grands enfants, Alice Howland est un professeur de linguistique renommé. Mais lorsqu’elle commence à oublier ses mots et qu’on lui diagnostique les premiers signes de la maladie d’Alzheimer, les liens entre Alice et sa famille sont mis à rude épreuve. Effrayant, bouleversant, son combat pour rester elle-même est une magnifique source d’inspiration.


Critique :


Cette année, la sublime Julianne Moore a réglée son pas sur celui de la toute aussi belle Cate Blanchett, en opérant une véritable razzia durant la sacro sainte course aux cérémonies.

Tout comme l'interprète du Blue Jasmine de Woody Allen, la Julianne n'a laissé que des miettes à la concurrence, avec son rôle de professeur linguistique frappée par la maladie de Parkinson dans Still Alice.

Et même si l'on était de ceux à penser que sa performance dans le génial Maps To The Stars méritait tout autant les mêmes éloges (prix d'interprétation à Cannes à la clé), nous étions tout de même méchamment curieux à l'idée de découvrir le nouveau film de Richard Glatzer et Wash Westmoreland, papas de Echo Park L.A., dont le thème central rappelait au bon souvenir du pourtant très (trop) soporifique Amour de Michael Haneke.


Tiré du tiré d'un best-seller signé Lisa Genova publié en 1987, l'histoire de Still Alice suit l'histoire d'Alice Howland justement, brillante et renommée professeure d'université en neuroscience fraîchement ancrée dans la cinquantaine.
Mariée et mère épanouie de trois enfants, son destin bascule quand elle réalise que ses pertes fréquentes de mémoires ne sont pas le simple fruit de la fatigue ou de l'égarement.

Très vite, on lui diagnostique les premiers signes précoces de la maladie d'Alzheimer, maladie qui va mettre à rude épreuve sa relation entre elle et ses proches.
Même face à l'inéluctable, elle va se battre pour ne pas perdre ses souvenirs et rester elle-même le plus de temps possible...

Profondément intime, déchirant, digne et au traitement dévastateur, le malaise n'est jamais loin dans Still Alice tant l'impuissance terrible qui caractérise la bouleversante nouvelle vie d'Alice nous resserre le cœur comme rarement cela a été fait ces dernières années dans les salles obscures.

Sans ne jamais trop tomber dans la facilité du pathos de supermarché façon mélo purement Hollywoodien (même si certains moments d'émotions sont méchamment prévisibles), Glatzer et Westmoreland s'échine a retranscrire toutes les étapes du détachement forcée de leur héroïne avec la réalité - même les questions les plus sombres.


Tellement crédible, que les spectateurs que nous sommes se voient alors très vite frappés de plein fouet par l'implacable injustice de la vie, tout comme le personnage de Julianne Moore, merveilleusement croqué et qui capte avec une justesse indécente l'incompréhension, la détresse et la peur face à l'inconnu qui caractérise le destin d'Alice, belle et brillante femme qui a tout pour elle jusqu'au moment ou son corps, et plus particulièrement son cerveau, décide de la lâcher.

Une maladie dont elle sera autant la victime que ses proches (ne sachant que trop rarement sur quel pied danser, celui de l'optimisme, de la désillusion voir même de l'indifférence), et qui l'obligera à faire constamment face à l'idée d'un avenir basé sur la dépendance (et l'embarras qu'elle créée) et l'oubli de soi, de l'autre, un avenir infiniment handicapant lui ôtant toute capacité de s'en sortir par elle-même.

Une impuissance terrible et globale face à une malédiction, une destruction totalement envahissante et évolutive, pourtant emprunt d'une infime parcelle d'espoir véhiculée par une magnifique réflexion sur la lutte vibrante de l'héroïne pour rester elle-même face à l'oubli, face à la dégénérescence inéluctable de l'esprit qui force le corps à céder.


Qu'on se le dise, la belle Julianne Moore n'a décemment pas volée son oscar (il était temps qu'elle l'est en même temps), loin de là tant elle bouffe l'écran sous les traits d'une Alice tout en retenue, fragile et impuissante.

Brute, étincelante et infiniment juste, sa performance fascine et incarne un véritable tour de force dans ce qui est clairement l'un des plus beaux rôles de sa pourtant très riche carrière.

A ses côtés, Alec Baldwin est merveilleux en mari aimant mais impuissant, et la jolie Kristen Stewart impressionne de nouveau dans la peau de Lydia, la fille d'Alice, qui l'accompagne dans son interminable chemin de croix.
Elle est épatante dans un rôle d'ailleurs pas si éloignée que celui qui lui a valu un César pour le Sils Maria d'Olivier Assayas il y a quelques semaines (une wannabe actrice un peu larguée qui tente de faire son trou).

Même si la mise en scène ne casse pas trois pattes à un canard (belle photographie cependant) et que le scénario croule sur une certaine prévisibilité, en prenant pour sujet un thème follement porteur, Glatzer et Westmoreland accouche avec Still Alice d'une tragédie philosophique et familial crédible et renversante, pur drame à oscars pourtant loin de simplement se contenter de cette pesante étiquette pour exister.


Sincère, intimiste et touchant, le film est un hommage vibrant pour toutes celles et ceux atteint par cette maladie et qui doivent faire face avec force et courage a leur rude quotidien.

Indiscutablement, l'un des grands moments d'émotions sur pellicule de ce très chargé mois de mars ciné de 2015.


Jonathan Chevrier


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