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[CRITIQUE] : Bodybuilder


Réalisateur : Roschdy Zem
Acteurs : Vincent Rottiers, Yolin François Gauvin, Marina Fois, Nicholas Duvauchelle, Roschdy Zem,...
Distributeur : Mars Distribution
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h44min.

Synopsis :
À Lyon, Antoine, vingt ans, s’est mis à dos une bande de petites frappes à qui il doit de l’argent. Fatigués de ses trafics en tous genres, sa mère et son grand frère décident de l’envoyer à Saint-Etienne chez son père, Vincent, qu’il n’a pas revu depuis plusieurs années. À son arrivée, Antoine découvre que Vincent tient une salle de musculation, qu’il s’est mis au culturisme et qu’il se prépare intensivement pour un concours de bodybuilding. Les retrouvailles entre le père et le fils, que tout oppose, sont difficiles et tendues. Vincent va tout de même accepter qu’Antoine travaille pour lui afin de l’aider à se sortir du pétrin dans lequel il s’est mis. De son côté, Antoine va progressivement apprendre à découvrir et respecter la vie que son père a choisie.


Critique :

Que ce soit devant ou derrière la caméra, le (très) souvent juste Roschdy Zem est de ces talents imprévisible qui ne se retrouvent jamais là ou on les attends.

Après une comédie douce amer sur les différences entre les religions juives et musulmanes et leur résonance sur un couple de jeunes parents (l'excellent Mauvaise Foi), et le polar judiciaire inspiré de l'une des affaires les plus rocambolesque de ses vingt dernières années (le puissant Omar m'a Tuée), le bonhomme nous revient avec en salles cette semaine avec un troisième long tout aussi ambitieux, Bodybuilder.

Ou une plongée dans le milieu du culturisme professionnel, par le prisme d'une relation père-fils douloureuse et complexe, soit un sujet hautement fascinant et qui a le mérite d'être complétement inédite dans le cinéma hexagonal, les champions de culturistes n'étant pas réellement des personnages qui passionnent les cinéastes francophones, et même internationaux pour le coup - Michael " Fucking " Bay ayant pourtant un poil traité du culte du corps dans son génial et jouissif No Pain No Gain.

Et si pendant un temps, il était question que l'excellent acteur et cinéaste Antoine De Caunes, s'essaye à la gonflette professionnel pour les besoins du rôle-titre - l'entrainement, trop contraignant, aura eu raison de lui -, Zem s'est finalement reporté sur ni plus ni moins que le champion du monde de la discipline, Yolin François Gauvin, qui fait justement ici ses premiers pas musclés au cinéma.


Bref, sur le papier Bodybuilder apparaissait comme un projet aussi aguichant que casse-gueule, restait plus donc qu'à savoir si ce petit dico du comment devenir le monsieur muscle ultime allait pouvoir tenir toutes ses promesses...

Bodybuilder ou l'histoire, à Lyon,  d'Antoine, vingt-deux ans, qui s’est dangereusement mis à dos une bande de petites frappes à qui il doit de l’argent.
Fatigués de ses trafics en tous genres, sa mère et son grand frère décident de l’envoyer à Saint-Etienne chez son père, Vincent, qu’il n’a pas revu depuis plusieurs années.
À son arrivée, Antoine découvre que Vincent tient une salle de musculation, qu’il s’est mis au culturisme et qu’il se prépare intensivement pour un concours de bodybuilding.
Et inutile de dire que les retrouvailles entre le père et le fils, que tout oppose, sont difficiles et tendues.

Vincent va tout de même accepter qu’Antoine travaille pour lui afin de l’aider à se sortir du pétrin dans lequel il s’est mis.
De son côté, Antoine lui, va progressivement apprendre à découvrir et respecter la vie que son père a choisie.

Étonnant, c'est de nouveau le mot qui vient à la bouche à la vue du dernier film de Roschdy Zem, pour lequel il s'offre un petit second-rôle non-négligeable à l'intrigue.
Étonnant, car même si il est plombé par une certaine prévisibilité et bon nombre de clichés éculés et presque obligatoire pour tout film du genre, son Bodybuilder est une jolie réussite, une péloche méchamment attachante sur les retrouvailles entre un père et un fils qu'il n'a jamais connu.


Si cette partie dramatique du film est clairement la moins maitrisée, elle reste pourtant véhiculé par une sincérité et une émotion proprement touchante, ou deux hommes font fit du douloureux passé pour apprendre à ce découvrir au jour le jour, dont l'un, le père, est motivé par sa quête de devenir un grand bodybuilder, histoire de s'offrir la douce satisfaction de se prouver qu'à 58 ans, il est encore capable de l'être.

Et c'est bien là que tout le sel et l'originalité de Bodybuilder puise toute sa force, le milieu du culturisme, méconnu et mal perçu par la majorité des gens.
Un monde à part, presque marginal, ou des hommes et des femmes imposent un quotidien terrible à leurs corps pour quelques secondes de gloire sur la scène.

Cet intérêt certain pour le bodybuiding, Zem n'en fait pas le sujet de son film mais bel et bien le moteur de sa relation familiale complexe.
Fasciné par cette discipline, il la filme avec une certaine beauté, glorifiant ses corps sacrifiés sur l'hotel du culte du corps parfait, et ne trahissant pas une seule seconde la passion qui les anime.

Une plongée inédite dont la crédibilité est accentuée par le choix osé mais définitivement payant de faire de Yolin François Gauvin, son rôle-titre.
Impressionnant aussi bien physiquement que charismatiquement, le champion du monde de culturisme 2013 tout en fêlures, en impose tout du long, et offre un répondant improbable au beaucoup trop rare Vincent Rottiers, attachant dans le rôle pas forcément aisé d'une petite frappe qui accumule conneries sur conneries.


Derrière ce duo joliment convaincant, si les seconds-rôles d'exception se bousculent (Marina Fois, Nicholas Duvauchelle, Zem lui-même), on déplorera en revanche leur manque de profondeur voir même leur manque d'évolution, malgré l'infini justesse de leur interprétation (Fois surtout).

Réaliste et beau même si il n'échappe pas à quelques clichés et faiblesses scénaristiques, Bodybuilder - qui confirme logiquement les talents de réalisation de Roschdy Zem -, incarne un vibrant et attachant drame familial doublé d'un regard fascinant sur le thème du culte du corps, mais surtout une étonnante surprise dans le cinéma hexagonal trop souvent balisé.

Alors qu'il est l'un des tous meilleurs comédiens du septième art français, en l'espace de trois petits films seulement, l'acteur/réalisateur est également en passe de s'imposer comme l'un des réalisateurs les plus excitants à suivre.
Difficile de ne pas admettre que l'on attend donc avec une furieuse impatience la suite de sa carrière en tant que metteur en scène...


Jonathan Chevrier


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