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[CRITIQUE] : Sous les Jupes des Filles


Réalisateur : Audrey Dana
Acteurs : Audrey Dana, Isabelle Adjani, Alice Belaïdi, Laetitia Casta, Julie Ferrier, Audrey Fleurot, Marina Hands, Géraldine Nakache, Vanessa Paradis, Alice Taglioni, Sylvie Testud,...
Distributeur : Wild Bunch Distribution
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h56min.

Synopsis :
Paris. 28 premiers jours du printemps. 11 femmes.
Mères de famille, femmes d'affaires, copines, maîtresses ou épouses...
Toutes représentent une facette de la femme d'aujourd'hui : Complexes, joyeuses, complexées, explosives, insolentes, surprenantes... Bref, un être paradoxal, totalement déboussolé, définitivement vivant, FEMMES tout simplement !


Critique :

Après une année 2013 assez pauvre malgré quelques jolies fulgurances (Neuf Mois Ferme, La Vénus à la Fourrure, Les Garçons et Guillaume, à Table !), force est d'admettre que la comédie française va mieux, et même vraiment très bien en ce début d'année 2014.

Que ce soit par le prisme des vieux briscards qui nous rappelle au bon souvenir de la déconnade old school (Les Inconnus avec Les Trois Frères, le retour, mais aussi Dany Boon et son Supercondriaque), ou celui de la nouvelle garde qui apporte avec elle, un élan de fraicheur et de modernité salvateur (Le Crocodile du Botswanga, Situation Amoureuse : C'est Compliqué, Les Gazelles, Babysitting ou encore Libre et Assoupi), c'est simple, on ne s'était pas autant marrer devant l'humour hexagonal depuis belle lurette.

Faisant clairement parti de la seconde catégorie, Sous les Jupes des Filles, premier film hautement ambitieux d'Audrey Dana - qui s'offre également un des premiers rôles -, débarque donc à point nommé dans nos salles obscures avec la ferme intention de faire aussi que ces camarades, mais surtout de réveiller un sous-genre salement salopé par chez nous : la comédie de filles, faîtes par des filles et avec justement, des filles en vedette.


Soit une péloche qui enfoncera le clou déjà bien planté dans le septième art français, par le sympathique Les Gazelles de Mona Achache - et ou figurait déjà la sublime Audrey Fleurot -, surtout que pour ne rien gâcher au plaisir, Dana a convoqué un casting méchamment imposant, contenant autant la jeune garde de la profession que des talents inestimables et confirmés depuis belle lurette : Isabelle Adjani, Alice Belaïdi, Laetitia Casta, Julie Ferrier, Audrey Fleurot, Marina Hands, Géraldine Nakache, Vanessa Paradis, Alice Taglioni et Sylvie Testud.

Plus qu'un pari osé, ce film choral au potentiel lourdement casse-gueule se veut une vision acide mais réaliste de la femme contemporaine et urbaine d'aujourd'hui.
Si l'idée allèche au plus haut point, en revanche l'exploitation de celle-ci s'avèrera nettement moins enthousiasmante, et ce même si il reste très difficile de ne pas franchement ce premier essai qui aurait tout simplement pu être un must du genre, mais qui se voit littéralement tuer dans l’œuf par sa (trop) grande ambition.

Avec ses onze femmes et autant de trajectoires diverses et variées mais qui se retrouvent in fine intimement liées, on pourrait presque se croire chez Wes Anderson - toute proportion gardée - voir même dans Le Bal des Actrices de Maïwenn, le côté cru et potache en plus histoire de coller au succès phénoménal de Mes Meilleures Amies, qui a sorti le genre des limbes, mais surtout de foutre un bon petit coup de pied dans les roubignoles d'une comédie française plutôt masculine, et qui s'était déjà tout récemment payé avec succès, des petites escapades délirantes entre bonhommes (Radiostars, Les Infidèles en tête).

On vogue en terrain connu donc, mais ce n'est pas dramatique loin de là, après tout combien de comédies françaises peuvent se targuer d'être réellement originale de nos jours, hein ?
Et puis l'idée de voir une tentative honorable de plus ou moins décortiquer la complexité de la femme forte du 21eme siècle dans une sorte de portrait instantané et au pluriel, ça a forcément son petit charme, surtout quand elle prend les traits d'une PDG tyrannique et sans vie social (Vanessa Paradis), de sa sympathique assistante (Alice Belaïdi), d'une mère au foyer désespérée et trompée (Marina Hands) ou encore d'une conductrice de bus aux hormones en plein réveil et ayant mis le grapin sur un acteur Hollywoodien (Julie Ferrier).


Même si le tout pue (souvent) salement la caricature facile à plein nez - on retrouve la coincée du cul, la frustrée, la lesbienne décomplexée, la mal-baisée, la boss tyrannique, la trompée, la mère qui refuse de voir ses mioches grandir et en déni de ménopause -, on veut y croire à cette intéressante proposition, menée par la plume et la caméra du tempérament visiblement trempé de la belle Audrey.
Le problème, c'est qu'à trop vouloir s'éparpiller, son message perd cruellement de son impact et on se demande in fine qu'est-ce qui se cache réellement sous les jupes de toutes les filles, justement.

Trop long, parfois trop hystérique, sacrifiant bon nombre de personnages qui méritaient pourtant de se voir bien mieux croqués et porté par une morale centrale assez pessimiste et limite - en gros pour être libre, la femme doit soit se débarrasser de l'homme soit le diriger -, Sous les Jupes des Filles souffrent de ces nombreuses ambitions tout en restant constamment la tête hors du bouillon grâce à ses bonnes intentions et à son casting cinq étoiles qui prend du plaisir à s'agiter face caméra avec une énergie franchement communicative.

D'une Laetitia Casta qui casse littéralement son image - et se retrouve dénudée la majeure partie du temps -, à une sublime Vanessa Paradis, infiniment touchante - et dont le duo pétillant qu'elle forme avec l'émouvante Alice Bélaïdi, incarne aisément la plus belle trouvaille du métrage -, en passant par une excellente Marina Hands en femme trompée par le désopilant Alex Lutz, sans oublier une Isabelle Adjani en complète roue libre, toutes s'amusent comme des petites folles sans pour autant qu'aucune ne tire la couverture sur elle-même, ce qui n'était pas gagner d'avance vu les talents engagés.

Avec un arc de portraits moins important histoire de mieux offrir le temps à ses personnages d'exprimer sa personnalité qui lui est propre et de bien plus pouvoir provoquer l'empathie chez le spectateur, une écriture plus subtile et moins étirée sur la longueur et surtout une tendance à moins plonger tête la première dans la caricature et l'excès, Sous les Jupes des Filles aurait pu être un grand film générationnelle sur la femme d'aujourd'hui, libéré, indépendante et avec une paire de couilles dans une culotte de dentelles.


Dans l'état, Dana casse judicieusement les codes du genre tout en en épousant certains, fait fit de la bienséance et du coup, on rit beaucoup, plusieurs scènes sont même méchamment efficaces - on pense logiquement au flash-mob au Trocadéro, mais pas seulement -, et la sincérité du projet emporte souvent la mise sur le jugement du spectateur.

Du 100% girly avec quelques gros défauts certes, mais c'est les bonnes intentions qui comptent toujours le plus et cerise sur le gâteau, les hommes auront également de quoi en avoir pour leur compte, et c'est déjà pas si mal...


Jonathan Chevrier


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