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[CRITIQUE] : The Baby


Réalisateur : Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett
Acteurs : Allison Miller, Zach Gilford, Sam Anderson,...
Distributeur : Twentieth Century Fox France
Budget : 7 000 000 $
Genre : Épouvante - Horreur.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h29min.

Synopsis :
Suite à une soirée bien arrosée lors de leur lune de miel, deux jeunes mariés doivent gérer une grossesse survenue plus tôt que prévu. Alors que le futur père choisit d’immortaliser les neuf mois à venir en filmant sa femme, il découvre que celle-ci adopte un comportement de plus en plus inquiétant, témoignant de changements profonds aux origines à la fois mystérieuses et sinistres...



Critique :

Le found-footage était un concept jadis inventif et rafraichissant mais qui s'est très vite vu - comme tout phénomène de mode lucratif - totalement gangbangisé par Hollywood la putain depuis le succès incompréhensible et improbable de la franchise Paranormal Activity, et du triomphe bien plus logique du culte [REC].

Au point même qu'une péloche sur deux du genre horrifique ayant la chance de débouler dans nos salles obscures, use de ce procédé.
Pas de quoi fouetter un chat si le tout paraissait un minimum présentable, mais comme à l'époque du regain d'intérêt du torture porn grâce - ou à cause, au choix -, de la franchise Saw, il y a toujours plus à en jeter qu'autre chose.

C'est donc face à la potentialité de se retrouver face à une nouvelle purge sans nom que sort The Baby, nouvelle bande d'horreur found-footage produit pour pas un rond ou presque, ayant méchamment fait son petit boucan au box-office US lors de sa sortie outre-Atlantique il y a quelques semaines.


Ne pétant pas dans la soie de l'originalité, le pitch de The Devil's Due (en v.o) cite aussi bien les chef d’œuvres Rosemary's Baby, Damien la Malédiction ou encore L'Exorciste, que la sale manie qu'on les films d'horreurs récents, à balancer tous leurs jumps scares dans les deux minutes de bande annonce...

N'empêche que via une campagne assez maline (les taglines " La Peur au Ventre " ou encore " l'accouchement prévue pour le 7 mai ", mais surtout et surtout sur le net via une vidéo virale qui montrait un bébé possédé déambulant dans les rues de New York), le film a suffisamment titiller l'intérêt des cinéphiles les plus endurcis pour ne pas passer trop inaperçu en cette semaine assez chargée en nouveaux films intéressants.

L'histoire de The Baby suit deux jeunes mariés, Sam et Zach McCall qui, suite à une soirée bien arrosée lors de leur lune de miel, doivent gérer une grossesse survenue plus tôt que prévu.
Alors que le futur père choisit d’immortaliser les neuf mois à venir en filmant sa femme, il découvre que celle-ci adopte un comportement de plus en plus inquiétant, témoignant de changements profonds aux origines à la fois mystérieuses et sinistres...

Prenant vraiment (mais vraiment) son temps pour installer son intrigue et véritablement démarrer ses effets flippants, The Baby reprend clairement (trop) dans les grandes lignes, la trame de Rosemary's Baby - sans son côté savoureusement paranoïaque et hypnotique -, dans ce qui est un divertissement sympathique mais aussitôt oubliable après vision.



En effet, l'ombre du chef d’œuvre n'aura de cesse de considérablement planer au-dessus de la bande, et ce même si la mise en scène et le storytelling n'ont rien à voir avec le brio de ceux millimétrés du précieux Roman Polanski, et que le jeu d'actrice d'Allison Miller est à des années lumières de celui de l'immense Mia Farrow.

Moins subtil et plus rentre dedans, le film du duo Bettinelli-Olpin/Gillett ne laisse place à aucune ambiguïté, dès le départ et avant même d'entrer en salles, nous savons pertinemment que le rejeton qu'attends l’héroïne est l'antéchrist puisque la famille a vraiment du bol.

Un manque de surprise et de profondeur dans l'histoire, voir même de flemmardise au fond (ce qui se voit dans un final qui peine à conclure le film, très Chronicle pour le coup, film qui commence d'ailleurs justement par sa conclusion...) qui se retrouve aussi bien dans sa description des personnages que dans son script, bourrés de clichés, de longueurs (le cadre familiale rappelle l'emmerdement ressentis pendant les scènes du quotidien de Paranormal Activity) et d’invraisemblances (le fait que l'on pense toujours constamment à tout filmer, que le mari mette huit mois à mater son film de vacances, ou entre autres, le fait que la future môman pète un plomb, mais pas une seule seconde on va voir de psy...).

Dommage car l'ambiance hypnotique qui parcourt le film livre parfois son petit lot d'angoisse sympas, et l'empathie fonctionne réellement avec son duo titre, un couple normal dont on ne peut qu'être peiné devant le malheur - et c'est peu le cas de le dire - qui les frappent et face auquel ils sont impuissants, puisque l'on est directement placé comme témoins omniscients de leur mésaventure.


Allison Miller y est convaincante même si elle est très vite transformé en schizophrène démoniaque, tandis que l'excellent Zach Gilford (découvert dans la génial série Friday Night Lights) est attachant en père sensible et sympathique.

Même le vieux briscard Sam Anderson est crédible en vieux prêtre très vite dépassé par cette grossesse loin d'être comme les autres.

Mieux même, le film fait preuve d'une utilisation pour une fois assez logique de la caméra subjective, via la passion de Zach qui n'a de cesse de filmer son épouse et lui-même dans toutes leurs activités.

Ce thriller d'épouvante aurait donc mériter des cinéastes un poil plus à la hauteur et plus inventif, trop coincés dans leurs références (même la franchise [REC] sera cité via des scènes en caméra infrarouge, et un passage avec des jeunes se filmant également eux-mêmes) et leur volonté d'offrir un métrage réaliste avec un parti-pris stylistique là ou une réalisation plus classique et traditionnel aurait sensiblement été plus bénéfique à sa crédibilité.


Peu captivant, peu flippant, trop court et laissant de nombreuses questions en suspens malgré quelques bons points non-négligeables (les effets visuels sont bien torchées et la B.O est vraiment prenante), The Baby, que l'on espérait plus étouffant et glauque, aurait dut être au moins aussi fun à suivre que le symbole satanique choisit par ses metteurs en scènes pour personnifier le mal, ressemblant fortement à celui de la monnaie européenne.

Dans un sens, t'as raison bébé, à mort le système et fuck the money, mais en attendant, fais en sorte d'en avoir quand même un petit peu plus si jamais tu débarques de nouveau dans un second opus.

Parce que dans l'univers impitoyable d'Hollywood la putain, on n'est jamais vraiment à l'abri d'un succès usée jusqu'à la moelle...


Jonathan Chevrier


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