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[CRITIQUE] : Mea Culpa


Réalisateur : Fred Cavayé
Acteurs : Vincent Lindon, Gilles Lellouche, Nadine Labaki, Max Baissette de Malglaive,...
Distributeur : Gaumont Distribution
Budget : -
Genre : Policier, Thriller.
Nationalité : Français.
Durée : 1h56min.

Synopsis :
Flics sur Toulon, Simon et Franck fêtent la fin d'une mission. De retour vers chez eux, ils percutent une voiture. Bilan : deux victimes dont un enfant. Franck est indemne. Simon, qui était au volant et alcoolisé, sort grièvement blessé . Il va tout perdre. Sa vie de famille. Son job de flic. Six ans plus tard, divorcé de sa femme Alice, Simon est devenu convoyeur de fonds et peine à tenir son rôle de père auprès de son fils Théo qui a désormais 9 ans. Franck, toujours flic, veille à distance sur lui. Lors d'une corrida, le petit Théo va être malgré lui le témoin d'un règlement de compte mafieux. Très vite, il fera l'objet de menaces. Simon va tout faire pour protéger son fils et retrouver ses poursuivants. Le duo avec Franck va au même moment se recomposer. Mais ce sera aussi pour eux l'occasion de revenir sur les zones d'ombre de leur passé commun.






Critique :

Indiscutablement, le cinéaste Fred Cavayé est ce que le cinéma burné français a découvert de mieux ces dix dernières années, aux côtés des tout aussi excellent Jerôme Salle, Olivier Marschal et Nicolas Boukhrief.

En l'espace de deux films seulement, il a su s’immiscer dans la psyché des plus endurcis des cinéphiles, comme une alternative salvatrice aux prods américaines et aux thrillers bas de gamme des concepts répétitifs made in Europa Corp.

Avec Pour Elle - d'ailleurs remaké aux states, via l'intense Les Trois Derniers Jours -, faux drame mais vrai thriller psychologique qui crédibilisa complètement le talent d'actrice de la sublime Diane Kruger, le bonhomme avait su salement attirer notre regard.
Mais c'est véritablement avec A Bout Portant, quatre-vingt dix minutes haletantes dans les rues de Paname avec Gilles Lellouche dans sa plus convaincante composition, qu'il s'est créer un nom et une sacrée réputation de metteur en scène aussi nerveux qu'émotionnellement sincère.

Toujours dans la même veine, le voilà donc de retour en ce premier mercredi du mois de février, avec Mea Culpa, thriller d'action reprenant - dans les rôles principaux -, le meilleur de ces précédents essais, à savoir Lellouche et l'inestimable Vincent Lindon.


Mea Culpa ou l'histoire de deux meilleurs amis, flics dans la bouillante cité Phocéenne qui, après un tragique accident de voiture provoquant la mort d'une famille, se voient séparés.
L'un, Franck, continuera son chemin de représentant de la loi tandis que l'autre, Simon, se fera virer - c'est qu'il était ivre au moment des faits -, et se reconvertira en convoyeur de fonds, alors que sa propre famille commence à peu à peu, prendre salement ses distances avec lui.

Mais alors que son fils, Théo, est témoin d'un meurtre lors d'une corrida, et que les tueurs se mettent à courir après lui, Simon va renouer avec les armes et son ancien coéquipier, pour protéger les siens comme lui seul peut le faire...

Dans le même ton que Pour Elle - comme lui, il démarre lentement et prend bien son temps pour présenter ses personnages et son intrigue -, et même A Bout Portant - pour l'action foutrement haletante et furieuse -, Mea Culpa apparait surtout comme un film somme, mélange hybride entre un thriller nerveux, un buddy movie savoureux et un actionneur complétement décomplexé et jouissif à souhait.

Mieux ficelé et maitrisé que ces deux précédents longs, Cavayé prend ici salement son pied à cornaqué une vraie péloche du samedi soir, de la vraie et pure série B musclé comme le cinéma ricain nous en offrait à foison durant l'époque bénit des eighties.
 

Louchant un chouïa sur Die Hard (le côté père de famille/regular guy/héros badass qui en prennent plein la gueule mais qui se relève toujours à la fin) tout autant que sur L'Arme Fatale (l'amitié virile et complexe entre deux poulets, une ambiance très noir - voir même assez dramatique -, soutenu par quelques pointes d'humour salvatrices), et même Taken (référence moderne et absolu des méchants de l'Est s'en prenant aux rejetons des héros), la péloche réussit pourtant à se construire sa propre identité cinématographique, en reprenant à son compte le genre action Hard Boiled, assumant d'en épouser toutes ses tares - dont l'inévitable invraisemblance de certaines scènes chocs -, que ses qualités qui sont fort heureusement, beaucoup plus nombreuses.

Joliment scripté - malgré quelques flashbacks ralentissant un poil le tout -, offrant un background impressionnant à ses personnages tous finement croqués, prenant intelligemment son temps pour exposer son intrigue avant de littéralement passer la seconde dans un enchainement de shoots d'adrénaline spectaculaire et sans aucun temps mort - jusqu'à un twist final saisissant -, Mea Culpa est une contre-proposition française ambitieuse à un cinéma américain qui n'a que, trop rarement, matière à rivalité dans l'hexagone.

Sublime et intense œuvre sur la rédemption et l'amitié, toujours honnête et ne se distançant jamais de l'aspect humain de son histoire, la bande ne serait sans doute pas aussi remarquable sans les partitions impliqués d'un Gilles Lellouche convainquant, mais surtout d'un Vincent Lindon magistrale, complètement habité dans la peau dépressive de Simon, sans oublier également la composition pleine de naturel du jeune Max Baissette de Malglaive dans la peau du petit Théo.


Survitaminé, pessimiste et tragique tout autant que nerveux et franchement décomplexé, vrai film de flics à la b.o. salement immersive (signé par le génial Cliff Martinez), Fred Cavayé persévère dans la voie du divertissement populaire en le rendant encore plus racé et burné.

Il signe tout simplement ici son meilleur film, mais surtout le meilleur polar français depuis des lustres.

Ou quand on en donne les moyens à un cinéaste de talent, le cinéma populaire français peut de nouveau rimer avec divertissement de qualité.


Jonathan Chevrier


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