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[CRITIQUE] : Les Trois Frères, le Retour


Réalisateur : Bernard Campan, Didier Bourdon et Pascal Legitimus
Acteurs : Bernard Campan, Didier Bourdon, Pascal Legitimus, Sofia Lesaffre, Daniel Russo, Biyouna,...
Distributeur : Wild Bunch Distribution
Budget : 10 000 000 $
Genre : Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h46min.

Synopsis :
Ils sont trois,
Ils sont frères,
Ils sont de retour.
15 ans après, Didier, Bernard et Pascal sont enfin réunis... par leur mère...
Cette fois sera peut-être la bonne.



Critique :

Dans une comédie française pour le moins assez morose, force est d'admettre que le retour des inestimables Inconnus, rois - légendes même pour dire le mot juste - incontestés de l'humour hexagonal made in 90's, à de quoi nous faire (très) chaud au cœur.

C'est indéniable, ils nous ont salement manqués et il est certain que dans un sens, nous leur avons aussi pas mal manqués.
Même si chacun à fait son petit bonhomme de chemin dans son coin depuis une bonne dizaine d'années, avec plus (Bernard Campan) ou moins de succès (Didier Bourdon mais Pascal Legitimus surtout), et que surtout chacun à pris sacrément de la bouteille et de la bedaine (bon Didier Bourdon surtout), on désespérait tous de les voir se réunir sur la scène, et même sur grand écran, histoire de crier tous en chœur que c'est un mimi, c'est un rara, c'est un mi-ra-cle.

Toujours aussi populaire et aimé du public après plus de vingt-cinq ans de carrière, c'est donc avec une double pression non-feinte qu'ils se remettent en piste avec le pari Les Trois Frères, le Retour, celle de séduire un public jeune et pas forcément adapté à leur humour (génération Kev Adams/Norman/Cyprien, sympa deux secondes mais souvent à un poil de cul de nous donner l'envie de comploter pour mettre en place un nouveau génocide), mais avant tout et surtout celle de satisfaire un public d'initiés, de fans absolus qui leur vouent un culte sans borne depuis leurs débuts.


Et alors que plus d'un leur ont jetés la pierre pour avoir choisit de revenir avec un projet de suite et non avec une œuvre totalement originale - un retour évoquant étonnement celui du Splendid et du pas très réussi Les Bronzés 3 -, force est d'admettre qu'en réalité, la difficulté n'en est que plus imposante vu l'aura culte qui entoure Les Trois Frères depuis sa sortie et son nombre indécent de rediffusion à la télévision.

Si il est vrai qu'il n'est pas l'un des plus grands chefs d’œuvres de l'histoire de la comédie française, son humour malin, ses situations désopilantes et ses réparties tout aussi monumentales que certains de ses dialogues en ont fait instantanément une référence du genre, dont le plaisir de le revoir encore et encore ne s'étiole jamais, même avec le temps.

C'est donc avec une certaine impatience teinté de fébrilité que nous nous sommes rendus en salles pas franchement rassurés par une bande annonce un peu foutraque et laissant un peu sur sa faim - quoique très amusante tout de même -, deux minutes qui in fine s'avèrent complétement à côté de la plaque tant elles ne servent pas du tout le film qui lui, est tout - ou presque - comme on l'avait imaginé : imparfait mais foutrement drôle et attachant.
Soit un retour réussi comme si les années n'avaient pas eu d'emprise sur leur talents et leur enthousiasme communicatif, de se retrouver enfin ensemble pour faire rire la France toute entière.

Démarrant sur une idée simple qui n'est ni plus ni moins que la réunion du trio de frangins Latour à l’écran, on retrouve donc Bernard, Didier et Pascal qui ne se sont pas vu depuis dix ans, et qui se retrouve aujourd'hui pour l'enterrement de leur défunte mère.
Bernard est devenu un comique de bas étage, Didier est un mari qui vend des sextoys à son plus grand désarroi et Pascal quand à lui, est bien obligé de servir la vieille « Moumoune » pour se la couler douce financièrement et péter dans le luxe en l’échange d’une servitude lourdement démesurée.
Les trois n'ont pas changés, et ils se voient convoqués une nouvelle fois chez le notaire pour un (nouveau) reliquat testamentaire, suite au rapatriement des cendres de leur mère.


Si Bernard est toujours aussi optimiste et enthousiaste à l'idée de revoir sa famille à l'occasion, Didier et Pascal eux, se retrouvent à contrecœur, les deux s'étant quittés en de mauvais termes, la faute à un amour commun...

Suite fidèle sans pour autant en être une direct, permettant aux spectateurs n'ayant jamais vu le premier film (ils doivent être 10, 11 sur 67 millions de français, à tout casser) de librement visionner celui-ci s'en être le moins du monde gêné par son récit, bourrés de clins d’œils référencés et malins que ce soit justement au premier opus (la scène de la drogue, la référence aux 100 patates ou encore le retour du petit Mickaël qui n'est pas une salope mais qui a bien grandit, notamment) ou au sketchs phares du trio - on pense immédiatement à Télémagouille - sans ne jamais tomber une seule seconde dans la surenchère de nostalgie, Les Trois Frères, Le Retour tient la route de bout en bout, prouvant que les Inconnus n'ont rien perdu de la pertinence de leur plume qui faisait tant leur succès.

Démarrant un peu mollement avant de monter en puissance crescendo - jusqu'à un final foutrement étonnant et mémorable -, reprenant plusieurs points fort des Trois Frères (la réunion par la mère, l'enfant retrouvé) tout en leur apportant un brin de modernité pour mieux les différencier, volontairement old-school dans son humour - toujours aussi à l'aise entre le comique de mots et celui de situation - et son écriture (les péripéties s'enchainent tout en étant toutes liées entre elles, comme un enchainement de cause à effet) aussi bien que dans sa morale (l'importance de la famille), les trois bonhommes n'ont rien perdu de leurs verves pour se moquer du système et d'une société qu'ils cernent encore avec acidité.

Pas dénué de quelques défauts assez agaçants (Sarah, la mioche de Bernard, fausse racaille que l'on a envie de claquer toutes les dix secondes, une mise en scène un point anecdotique et palote ou encore une musique franchement ringarde), et ne risquant certainement pas d'atteindre le statut culte du premier opus, Les Trois Frères, le Retour n'en reste pas moins une excellente suite, voir même tout simplement l'une des meilleurs comédies françaises de ces dernières années (la meilleure même, certainement avec le récent Casse-Tête Chinois de Cédric Klapisch), signé par des Inconnus n'ayant rien perdu de leur talent et de leur charme, que ce soit derrière ou face caméra.


On dit toujours que l'on n'est jamais mieux servis que par soi-même et que l'on est toujours plus fort ensemble, et voilà qu'ils nous en font la preuve par trois.
Un retour loin d'être vain puisqu'il est dicté par la seule envie de se marrer et de faire marrer le public, et non celle d'un quelconque désir de satisfaire un délire purement commercial.

Du pur bonheur sur pellicule, au point que par chez nous, on ne serait clairement pas contre un troisième film si l'envie leur en prenait de nous faire, encore une fois, plaisir.

Le truc qui serait bien cependant, c'est de ne pas nous faire attendre deux autres décennies pour nous l'offrir en salles les gars...


Jonathan Chevrier

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