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[CRITIQUE] : Du Sang et des Larmes


Réalisateur : Peter Berg
Acteurs : Mark Wahlberg, Emile Hirsch, Ben Foster, Taylor Kitsch, Eric Bana,...
Distributeur : SND
Budget : 50 000 000 $
Genre : Guerre, Action, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h01min.

Synopsis :
Le 28 juin 2005, un commando de quatre Navy Seals prend part à l’opération "Red Wing", qui a pour but de localiser et éliminer le leader taliban Ahmad Shah. Mais rapidement repérés et encerclés, les quatre soldats vont se retrouver pris au piège.





 Critique :

Dire que l'on est fan de Peter Berg par chez nous, est un doux euphémisme tant le bonhomme a su se payer une jolie carrière à part à Hollywood, entre blockbusters populaires et productions un poil plus intime.

Alors certes, si son Battleship nous avait laissé pas mal de marbre même si il incarnait en soi, un divertissement sacrément délire sur pellicule, difficile pour nous de ne pas nous remettre, à l'occasion, ces excellents Very Bad Things, Bienvenue dans la Jungle, Hancock (surtout) mais également son infiniment bouillant et mésestimé Le Royaume.

C'est d'ailleurs vers l'aura de ce dernier que tend son nouveau long-métrage, Du Sang et Des Larmes (aka The Lone Survivor en v.o), promesse d'un cinéma vérité aussi viscéral que dérangeant et dévastateur sur la guerre en Afghanistan, qui n'a donc pas encore fini de passionner - mais surtout inspiré - Hollywood la putain.

Du Sang et Des Larmes donc, ou la mise en image de l'histoire vraie de Marcus Luttrell, ancien Navy Seal et unique rescapé d'une embuscade fatale ou lui et trois de ses frères d'armes ont été victimes, lors de l'opération Red Wings en 2005.
En effet, les quatre lascars, envoyés pour zigouiller le chef taliban Ahmad Shah, caché dans les montagnes afghanes, se feront découvrir par trois bergers.
Un temps hésitant, ils décideront de les épargner et cela sera à leurs risques et périls, vu qu'ils ne tarderont pas à être encerclés, puis frappés par leurs cibles...


Que ce soit son introduction - montrant l'entrainement à la dure, et le mot est faible, des Seals - ou son histoire hautement percutante, le nouveau film de Peter Berg frappe constamment là ou ça fait mal.
C'est vrai, qui n'est pas fasciné par ces soldats de l'extrême, ces machines faîtes - et surtout manipuler - pour faire la guerre et pour qui la peur, le doute ni-même la souffrance, ne sont pas des options ?
De vrais héros, fait de chairs et de muscles, qui plus qu'un Cap America, est un appel pur et fort au patriotisme et à la glorification de la guerre mal torchée made in America.

Sauf qu'à l'instar de madame Bigelow, le Berg n'est pas un big fan de l'interventionnisme à tout va de son pays natal, et si il se penche sur le sujet, c'est bien plus pour lui offrir une vision brutale et sur le terrain, que bavard et planqué derrière les bureaux de la CIA, NSA et compagnie.
Constamment tendu et complètement apolitique, The Lone Survivor ne se focalise que sur ses Seals, héros qui se battent pour " protéger  leur nation sans pour autant soutenir ses guerres, mais qui sont bien obligés de les faire, à cause de leurs statuts de pions sacrifiables entre les mains de cols blancs ne se souciant que trop peu de leur cas.

Ici, point de " God Bless America " ou " d'America is Powerful ", non, mais plus du " America Fuck You ", du " Putain de guerre de merde " et surtout du " Putain, qu'ils en ont des couilles ces mecs ", qui pourraient aussi bien être britannique que français pour le coup, vu que notre cher pays s'amuse également, à jouer avec ces citoyens sur un front qui ne nous concerne guère.

Fausse propagande pro-américaine et pro-militariste ou on ne bouffe pas du patriotisme à tous les bouts, gênant - aussi bien dans certains de ses dialogues que dans ses scènes d'une rare violence -, intelligemment honnête (les talibans ne sont jamais nommés terroristes, et tous les afghans ne sont pas talibans et encore moins anti-ricains), et surtout plus humain que guerrier, la bande est une petite bombe violente et nerveuse, porté par un casting saisissant, aux personnages finement scriptés (Mark Wahlberg, Taylor Kitsch, Ben Foster et Emile Hirsch, que du bon quoi), et un cinéaste juste et impliqué comme rarement.


Ne glorifiant jamais le combat, traitant sur un pied d'égalité les guerriers de chaque camps - notamment dans une seconde partie ou les rôles sont littéralement inversés -, la mise en scène de Berg, sans artifice, est d'une vérité troublante.
Allant toujours à l'essentiel, il place sa caméra au plus près du combat, avec la constante volonté de faire de son spectateur un témoin vivant et vibrant de la tension qui habite et bouffe chaque pores de la pellicule.

Captant aussi bien la douleur d'un peuple que celle de soldats soi-disant présent pour la " guérir " - tout en s'y voyant infectés pour toujours -, et poussant même à une certaine ouverture d'esprit et de prise de conscience pour son spectateur, Du Sang et Des Larmes est un véritable électrochoc sur ses victimes de guerre, un hommage édifiant à tous ses hommes et femmes qui donnent leurs vies pour des raisons, des enjeux jamais claires.

Traitant des deux camps de son histoire avec la même rage et la même conviction, dénué de toutes facilités hautement condamnables à ce genre de péloches, la bande s'avère in fine tout aussi bouillante et complexe que les précieux La Chute du Faucon Noir et Le Royaume, voir même presque aussi poignant et nécessaire que le Il Faut Sauver le Soldat Ryan du grand Steven Spielberg.




Une claque frontale certes pas parfaite dans son ensemble mais définitivement immanquable, qui prouve que quand on laisse la chance à un cinéaste de talent, de faire son cinéma avec force et passion, de belles et puissantes choses peuvent en résulter à l'arrivée.

Pourvu qu'Hollywood laisse encore longtemps la possibilité au Berg de s'exprimer avec autant d'audace...


Jonathan Chevrier



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