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[CRITIQUE] : Le Loup de Wall Street


Réalisateur : Martin Scorsese
Acteurs : Leonardo DiCaprio, Jonah Hill, Margot Robbie, Matthew McConaughey, Kyle Chandler, Jon Bernthal, Rob Reiner, Jon Favreau, Jean Dujardin,...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : 100 000 000 $
Genre : Drame, Biopic, Comédie.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h59min.

Synopsis :
L’argent. Le pouvoir. Les femmes. La drogue. Les tentations étaient là, à portée de main, et les autorités n’avaient aucune prise. Aux yeux de Jordan et de sa meute, la modestie était devenue complètement inutile. Trop n’était jamais assez…



Critique :

Plus que La Désolation de Smaug, Le Loup de Wall Street est véritablement l'événement majeur de cette fin d'année ciné, et pas uniquement pour les fans inconditionnels du papy Scorsese, car le bonhomme s'est savamment évertué à offrir a tout cinéphile, le vrai cadeau de noël qu'il quémandait sous le sapin pour finir cette belle année 2013 en beauté.

On avait quitté le Marty avec le sympathique - mais un poil longuet - Hugo Cabret, jolie conte enfantin qui avait pour bonus de nous faire découvrir l'un des immenses talents ricains de demain - Asa Butterfield - ainsi que crédibilisé en tant qu'acteur l'immensément mésestimé Sacha Baron Cohen.
Cette fois-ci, il nous revient plus en forme que jamais, en tutoyant du bout de sa caméra ses heures de gloires passées.

En effet, plus que tout chose, Le Loup de Wall Street incarne un retour aux sources pour un cinéaste fasciné par les destins incroyables (il a quand même mis en scène le Christ et le Dalai-Lama !) et ayant magnifié pendant longtemps la figure du gangster sur grand écran.
Car si Jordan Belfort n'est point un bandit arme à la main, il est bel et bien un malfrat des temps modernes, un Golden Boy arriviste accro au pouvoir et n'ayant jamais peur de flirter avec la malhonnêteté et l'immoralité pour écraser les autres et arriver à ses fins.


Dans les grandes lignes, le film nous narre le Rise and Fall stupéfiant et véridique (le film s'inspire de l'autobiographie du bonhomme) du " self-made-man " Jordan Belfort donc, un jeune loup aux dents longues, qui venant d'origines modestes, va petit à petit s'imposer dans le milieu uber fermé de la finance et de la bourse, ou l'argent facile coule autant à flots que les nanas, et ou les pires outrances (putes, soirées démesurés, voitures de luxes, drogues et alcools à gogos) règnent en maître.

En tout logique, Le Loup de Wall Street ressemble énormément au Scarface de De Palma (la dimension politique en moins), au Wall Street d'Oliver Stone (Belfort est un Gordon Gekko plus fantasque et déjanté) mais surtout à la dernière grande fresque sur pellicule du bonhomme, Casino, la grammaire de la bande et l'ascension de Belfort rappelant en certains point celle tout aussi fulgurante et abbatue en plein vol par une justice toujours " juste ", de Sam Rothstein, qui elle aussi prenait son contexte dans l'excès et la corruption, ou le versant le plus sombre possible de l'American Dream.

Difficile également, de ne pas mettre en parallèle cette évolution bigger than life avec celle d'Henry Hill, héros à la chute tout aussi retentissante dans Les Affranchis.

Sous ses francs atours de critique satirique sans concession et décomplexée de l'argent roi et du monde des finances, Scorsese, avec un cynisme et une détermination incroyable, s'évertue donc à nous offrir une victime toute faite à haïr en ces temps de crises boursières, une cible parfaite pour un appel à la haine quasi-nécessaire, nous poussant autant à l'écoeurement qu'à la jalousie maladive face à un homme avide qui se donne la chance de vivre sa vie comme il le sent, sans aucune morale - sauf la sienne - ni aucune limite.


Énergique, salement cul et hilarant - la péloche est sans aucun doute l'une des plus drôles de l'année 2013 -, flirtant avec les genres comme rarement ce fut le cas dans la filmographie du cinéaste (il lorgne aussi bien sur le biopic que sur le drame, en passant par la comédie et le burlesque), mené tambour battant durant trois (trop) courtes heures à un rythme aussi féroce qu'effréné, bourré jusqu'à la gueule de scène frôlant l'hystérie et la démence borderline, et joliment mise en musique par une b.o respectant scrupuleusement sa condition de temps (soit des tubes à gogos sorties tout droit des 80's/90's), The Wolf of Wall Street est une claque cinématographique sans nom, une tornade quasi-cartoonesque et sous acide comme on aimerait en prendre plus souvent.

Soutenue par une mise en scène constamment énervé et jubilatoire (mention à la voix off délirante qui vient même parfois carrément s'adresser à la caméra, ou encore ses plans séquences grandioses, nous plonge constamment dans l'ivresse du moment), comme si le cinéaste avait enfin retrouvé sa fureur d'antan, allié à un montage ultra-cut et sec ainsi qu'à une narration d'une fluidité frisant indécemment avec la perfection (quel script de l'excellent Terrence Winter), le cinéaste se permet tout et ne se refuse jamais rien, tout comme son personnage titre campé par un Leonardo DiCaprio prodigieux, et le mot est faible.

On le sait, le comédien est jamais aussi bon que devant la caméra de son Marty adoré et encore une fois, il porte à bout de bras le film, de son charisme et de son talent sans borne, au point que l'on se demande toujours si le lascar n'est pas vraiment capable de tout jouer.
Dans ce qui est, sans aucun doute, la meilleure performance de sa carrière (et quelle carrière pourtant !), il explose,  ne tombant jamais dans la surenchère facile et démontrant toutes les possibilités de son jeu incroyablement dense, poussant le spectateur à constamment remettre en cause son appréciation du personnage - tantôt attachant, tantôt exécrable, pitoyable, drôle voir même étonnant.

Un one man show unique et fou, auquel se greffe les compositions lumineuses d'un Jonah Hill cinglé et génialement odieux (presque le Joe Pesci de DiCaprio, pour le coup), d'une Margot Robbie véritable bombe sexuelle et d'un excellent Kyle Chandler tout en justesse, mais surtout d'un Matthew McConaughey (définitivement beaucoup trop peu présent dans le film) immense en mégalomane profondément ridicule, et mentor éphémère de Belfort.


Aussi fascinant et jubilatoire que polémique et révulsant (c'est dégueulasse, indécent, malsain mais bordel qu'est-ce que c'est bon !), Le Loup de Wall Street est le film le plus léger, vulgaire, réussi et abouti du metteur en scène depuis Casino, tout en étant également, son regard le moins moralisateur et juge.
Bref un vrai grand film et un pur chef d'œuvre en puissance, un spectacle grandiose et grotesque qui nous met littéralement K.O du début à la fin.

A 71 ans, le nez dans la poudre et lançant un doigt d'honneur bien gras à l'Amérique puritaine - ainsi qu'à tous ses concurrents dans le business - dans un sourire joliment savouré, Scorsese prouve donc qu'il en a encore sacrément dans les tripes, ce dont on ne nous doutait pas une seule seconde pour dire vrai.

Et une telle confirmation pour nous, croyez-le ou non, il n'y a rien de plus beau cadeau à mettre sous notre sapin en cette douce journée de noël.


Jonathan Chevrier

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