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[CRITIQUE] : 9 Mois Ferme


Réalisateur : Albert Dupontel
Acteurs : Albert Dupontel, Sandrine Kimberlain, Nicolas Marié, Phillipe Uchan, Terry Gilliam,...

Distributeur : Wild Bunch Distribution
Budget : -
Genre :  Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h22min.

Synopsis :
Ariane Felder est enceinte ! C'est d'autant plus surprenant que c'est une jeune juge aux mœurs strictes et une célibataire endurcie. Mais ce qui est encore plus surprenant, c'est que d'après les tests de paternité, le père de l'enfant n'est autre que Bob, un criminel poursuivi pour une atroce agression ! Ariane, qui ne se souvient de rien, tente alors de comprendre ce qui a bien pu se passer et ce qui l'attend...


Critique :

Qu'on se le dise, une nouvelle comédie d'Albert Dupontel, qu'elle soit une de ses réalisations ou qu'il y figure simplement en tant que comédien, incarne inéluctablement un événement dans un genre comique français manquant de plus en plus de panache.

Plus qu'un simple coup de viagra salvateur, la touche Dupontel s'est surtout imposée grâce au délirant Bernie, comme l'une des plus affutées et trash de la comédie hexagonale, un rendez-vous immanquable pour tous les cinéphiles amateurs de mauvais (et donc bon) gout, que le cinéaste-acteur manie avec perfection.

En élève assumé et fidèle du cinéma de Terry Gilliam (et dans une moindre mesure, de mon avis, également de Sam Raimi), le bonhomme nous revient donc en ce mois d'octobre assez chargé, avec un nouveau beau bébé plein de promesses dans sa besace, 9 Mois Ferme.
Ou l'histoire alléchante, pour faire court, d'un marginal de la société (le type de personnage atypique qui ont fait la renommée du cinéaste), un cambrioleur déluré, accusé de meurtre et de cannibalisme, qui va devoir faire face à une juge d'instruction frigide et enceinte de lui sans qu'il ne soit au courant, mais surtout, sans qu'elle même ne sache comment...

Soit du putain de pain béni pour l'orfèvre talentueux qu'il est maintenant, depuis près de deux décennies.
S'emparant toujours aussi bien de sujets sérieux, salement ancré dans une réalité sociale rugueuse et actuelle, pour les traiter dans un ouragan d'humoir noir non dénué de moments de franches émotions et de scènes joliment gore et trash, avec son nouveau film, Dupontel ne se refuse absolument rien, au point même de faire de son 9 Mois Ferme, ni plus ni moins que son meilleur film à ce jour.


Généreux, sensible (même si dans le fond, le drame ne prend jamais l'ascendant sur l'humour), condensant tous les thèmes qui lui sont chers depuis ses débuts (l'injustice, la question des origines, la solitude, l'acceptation de soi et des autres), - sans ne jamais tomber dans un esprit de répétition -, tournant à la dérision - avec un plaisir non-feint -, les arcanes aussi fascinantes que détestables que la justice Française, le tout dans une bizarrerie ambiante franchement délectable; plus qu'une sublime galerie de freaks bigger than life (de l'avocat bègue au chirurgien psychopathe, sans oublier le juge expert en harcèlement), le film est surtout et avant tout la magnifique et improbable rencontre de deux personnages aussi opposés que complémentaires, incarnés avec implications par deux performeurs au sommet de leur art.

Dupontel, plus charismatique, intense et touchant que jamais, laissera intelligemment tout du long, la vedette à une Sandrine Kimberlain absolument démente, dans un rôle pourtant loin d'être évident à jouer.
Enceinte jusqu'aux oreilles, rarement accablée par les drames qui lui tombent dessus, elle arrive - avec une aisance insoupçonnée et indécente -, à rendre sympathique un personnage qui ne l'est pas forcément de prime abord.

Souvent hilarante, elle porte la majeure partie du métrage sur ses frèles mais solides épaules.
Et quand celle-ci nous fait le cadeau de partager l'écran avec l'Albert, leur union est tout simplement unique et explosive.

Aussi féroce et décomplexé qu'attachant et délicat, bourrés de scènes et de guests potentiellement cultes (Terry Gilliam, Jan Kounen,...), 9 Mois Ferme est un conte moderne profondément irrévérencieux, subtil et contemporain, à la mise en scène stylisé et inspirée, et n'ayant jamais peur des grands écarts de genre et de ton.


La comédie française a donc dût attendre plus de dix mois et demi cette année, pour enfin avoir un digne représentant dans les salles obscures, c'est indécemment trop long, quand on sait que le cinéma étranger ne nous a pas attendu pour les aligner à la pelle (Happiness Therapy, Les Miller, The World's End, This is The End,...).

D'une réussite exemplaire, cartoonesque à souhait, humaine et méticuleuse, la cuvée 2013 d'Albert Dupontel est définitivement sa plus aboutie et populaire.

Le cinéaste a prit de la bouteille, et inutile de préciser que cela lui va Vraiment très, très bien.


Jonathan Chevrier

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