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[CRITIQUE] : Ma Vie avec Liberace


Réalisateur : Steven Soderbergh
Acteurs : Michael Douglas, Matt Damon, Dan Aykroyd, Rob Lowe,...
Distributeur : ARP Sélection
Budget : 23 000 000 $
Genre :  Biopic, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h59min.

Synopsis :

Avant Elvis, Elton John et Madonna, il y a eu Liberace : pianiste virtuose, artiste exubérant, bête de scène et des plateaux télévisés. Liberace affectionnait la démesure et cultivait l'excès, sur scène et hors scène. Un jour de l'été 1977, le bel et jeune Scott Thorson pénétra dans sa loge et, malgré la différence d'âge et de milieu social, les deux hommes entamèrent une liaison secrète qui allait durer cinq ans. Ma Vie avec Liberace narre les coulisses de cette relation orageuse, de leur rencontre au Las Vegas Hilton à leur douloureuse rupture publique.


Critique :

Il va falloir se faire à cette idée, aussi triste et cruelle soit-elle, Steven Soderbergh ne tournera plus de films.
Enfin plus, tout du moins pas dans un futur proche, le bonhomme ayant officiellement tirer sa révérence cette année, en pleine gloire et possession de ses moyens.

Ma Vie avec Liberace donc, est son ultime cadeau de cinéaste talentueux à ses cinéphiles chéris.
Un joli cadeau sur le papier, aussi casse-gueule que polémique, vu qu'il traite dans sa généralité, d'une histoire d'amour gay.
Un sujet foutrement polémique on est d'accord, car même si le succès critique et public du Secret de Brokeback Mountain aura marqué le septième art, les producteurs Hollywoodiens sont, sept ans plus tard, toujours aussi frileux à l'idée de produire une idylle entre héros du même sexe.

Payes ta vision rétrograde quoi, heureusement pour Soderbergh - et nous -, que les pontes de chez HBO se soient montrés plus intelligents, conscients qu'avec un biopic sur un personnage aussi fascinant et un trio de talents aussi génial, il y avait bel et bien là matière à faire un Vrai grand film de cinéma, ce qu'est au fond Behind The Candelabra aujourd'hui, même si officiellement, il est un téléfilm pour la chaine mentionné plus haut.


Belle revanche pour le Steven donc, que son " au-revoir " sur pellicule ait les honneurs d'une sortie sur grand écran, après une présentation en grande pompe et en compét officielle au dernier Festival de Cannes, surtout qu'après vision, il aurait réellement été dommage de ne pas profiter en salles de Ma Vie avec Liberace, tant il incarne en tout point, une franche réussite.

Walter Liberace fut le pape du kitsch - Elton John parait d'ailleurs bien calme comparé à lui -, un pianiste virtuose au talent reconnu et adulé, un être aussi fantasque que solitaire, qui mourut du sida, mais qui n'aura jamais fait son coming-out de son vivant.
Une histoire dramatique donc et pourtant, grâce à son intelligence et son talent de storyteller hors pair, Soderbergh, plus inspiré que jamais, va en faire un biopic aussi divertissant qu’irrésistible, d'un outrancier toujours assumé, tout autant que son ironie piquante et sa tendresse bouleversante.

Après une première partie légère, à l'humour délectable et bien pensé, Liberace s'envolera véritablement quand le metteur en scène se focalisera pleinement sur l'histoire d'amour entre Scott Thorson et le musicien, outil parfait pour qu'il aborde deux de ses thèmes les plus chers : le paraitre et le mensonge.
Cachés, déconnectés de la réalité et isolés du monde, les deux amants sont constamment les victimes du dictat de l'apparence, l'un de par son statut de star décadente, sa crainte du coming-out - qui pour le coup, ruinerait son fond de commerce - et sa peur du vieillissement, et l'autre sous les désirs (et délires) de son amant de le façonner - à coups de scalpels -, à son image.


Un amour comme tous les autres, fait de tendresse, de jalousies, d'engueulades mais surtout d'un jeu de miroir troublant et fascinant, entre un Scott qui se nourrit de la richesse et de l'amour de Liberace, tandis que celui-ci se nourrit de la candeur et de son emprise sur le jeune homme, accroissant de ce fait encore plus sa mégalomanie.

Sans voyeurisme ni effets mélodramatiques superflus, intime, captivant, Ma Vie avec Liberace pourrait clairement être considéré comme une version gay de Gatsby le Magnifique, avec qui il partage énormément de points communs (même monde pimpant et luxueux, même atmosphère pleine de solitude, même personnages, soit un candide fasciné d'un riche et populaire homme qui le fait gouter à sa vie dorée,...).

Classique dans sa structure - et du coup, assez prévisible -, ultra kitsch et haut en couleurs, mais surtout profondément soigné (des décors rococo aux costumes et accessoires, le travail abattu est dantesque !) et maitrisé, la péloche était le terrain de jeu parfait pour que ses deux interprètes titres y livrent des interprétations parfaites.

Tous deux à la limite de la caricature et surréaliste, Matt Damon - qui joue avec délectation de sa virilité, en amant désespéré et un peu en retrait -, et Michael Douglas - immense, tout en excentricité et en générosité -, jouent autant de leur corps que de leur images, dans des interprétations qui incarneront des lignes de choix dans leurs filmographies respectives.
Idem pour le mésestimé Rob Lowe, méconnaissable et jubilatoire en chirurgien esthétique adepte du lifting à outrance.


Glamour, fou, aussi savoureux qu'une coupe de champagne, Ma Vie avec Liberace est une romance bouleversante et universelle, une observation tendre d'un freak bigger than life, rongé par la solitude et une constante bataille pour sauver la face aux yeux du monde.

Une réussite exemplaire, une véritable leçon de cinéma qui ne peut que nous faire regretter que son metteur en scène, tout comme Liberace avec Scott, ait décidé de rompre abruptement, avec le plus grand amour de sa vie.

Allez, reviens Steven, on t'aime !!!


Jonathan Chevrier

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