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[CRITIQUE] : Conjuring, Les Dossiers Warren


Réalisateur : James Wan
Acteurs : Patrick Wilson, Vera Farmiga, Ron Livingston, Lili Taylor,...
Distributeur : Warner Bros. France
Budget : 13 000 000 $
Genre : Épouvante - Horreur.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h50min.

Synopsis :
Avant Amityville, il y avait Harrisville… Conjuring : Les dossiers Warren, raconte l'histoire horrible, mais vraie, d'Ed et Lorraine Warren, enquêteurs paranormaux réputés dans le monde entier, venus en aide à une famille terrorisée par une présence inquiétante dans leur ferme isolée… Contraints d'affronter une créature démoniaque d'une force redoutable, les Warren se retrouvent face à l'affaire la plus terrifiante de leur carrière…


Critique :

Pour les cinéphiles endurcis que nous sommes, James Wan, à l'instar d'un Jeff Nichols ou d'un Rian Johnson, est de ces jeunes cinéastes talentueux qu'on ne présente plus tant à chaque péloche, leur qualités indéniables nous explose littéralement au visage.

Le metteur en scène du cinéma horrifique le plus doué depuis une vingtaine d'année - avec peut-être, Lucky McKay -, jamais las de foutre la trouille avec style et spectaculaire, nous revient donc par deux fois en cette seconde partie d'année 2013, et dans les deux cas pour dépoussiérer le genre possession démoniaque, bousillé par une pléthore de bandes toutes aussi foireuses les unes que les autres ces derniers mois - Le Dernier Exorcisme et sa suite, The Devil Inside et les Paranormal Activity en tête.

Avant la suite de son succès surprise de l'été 2011, Insidious Chapitre II - attendu pour le 2 octobre par chez nous -, le bonhomme est de retour tout d'abord avec l'alléchant Conjuring, Les Dossiers Warren, ou l'histoire vraie - oui, vraie de vraie -, du cas le plus tordu auquel le couple d'enquêteurs du paranormal Ed Lorraine Warren ont eu affaire, avant la célèbre et déroutante affaire Amityville...


Tirée de faits réels, l'histoire conte celle de la famille Perron, nombreuse et aimante, témoins de phénomènes étranges plus ou moins violent, la faute à des esprits frappeurs loin d'être cool comme colocs.
En effet, leur baraque fut le théâtre d'événements franchement dramatiques, au point que les victimes et les bourreaux du drame, anciens propriétaires donc, se sont salement attachés aux fondations du foyer Perron.
Arrivés à leur secours, les quasi-Ghostbuster sans tenues et sans flingues à protons, Ed et Lorraine Warren ne vont pas réellement être déçu du voyage...

James Wan le sait, dans le genre possession/maison hanté, passé derrière les modèles du genre quasi-inattaquables - mais toujours aussi honteusement pillés au film du temps -, L'Exorciste de William Friedkin et Poltergeist de Tobe Hooper, c'est prendre le risque de se voir automatiquement comparé à eux.
Et aussi génial et efficace soit-il, les références de Conjuring à ces deux péloches matricielles sont légions.

Pas un gros problème en soi, dans le sens ou plus que de chercher à offrir une pâle copie de ses glorieux ainés, le Wan a entièrement digéré les enseignements et codes du genre pour en pondre une œuvre unique, certes manquant un peu d'originalité, mais cruellement jouissive et intriguant pour se démarquer largement et avec panache de toute la production horrifique actuelle.


Maitrisant toujours à la perfection son angoisse - que ce soit de par une bande son irréprochable et une mise en scène alternant les plans fixes et panoramiques, ou même un usage délicat du clair-obscur -, usant le moins possible des jump scares - sauf dans un final sous forme d'apothéose, ce qui fut également le cas dans son Insidious -, au profit d'une peur, dans la généralité, plus psychologique que physique - on est autant terrifié par ce que l'on voit que ce l'on ne peut distinguer -, James Wan fait appel aux fondements même de l'horreur spirituelle sur grand écran, tout en se jouant avec malice de son spectateur, tout comme James Sallis l'avait fait avec brio l'an dernier avec son sublime La Dame en Noir.

Flippant, prenant, envoutant, Conjuring marque la rétine par sa narration en deux temps au ton diamétralement opposé.
Si dans la première partie, aux douces saveurs seventies, une ambiance malsaine et anti-spectaculaire prend tranquillement son temps pour s'installer, à mesure que les personnages - tous solidement approfondis et croqués -, se présente à nous; la seconde partie elle, loin de jouer autant dans la retenue, impose son impact via un ton nettement plus frontale et hardcore, une chute en plein enfer hallucinant, certes très axè sur la surenchère facile mais diablement rythmée et généreuse.

Si sa conclusion convenue, manquant d'émotion, nuit un chouia à son appréciation globale, reste que ce Conjuring, cinquième long du cinéaste Australien, n'en est pas moins son essai le plus réussi et enthousiasmant depuis Death Sentence, voir même le chef d’œuvre Saw.


Intelligent, ludique, saisissant et spectaculaire, au casting (le couple Patrick Wilson et la magnifique Vera Farmiga en tête) et à la beauté macabre incroyable, le film n'apporte donc rien de bien nouveau au genre, mais il le sert à la perfection, avec un respect et une dévotion totale, prenant de ce fait à revers toute la production horrifique Hollywoodienne actuelle.

Et rien que pour ça, il mérite sacrément le coup d’œil, et rend un tantinet insoutenable l'attente d'Insidious Chapitre 2, sans parler du prochain Fast and Furious, opus pour lequel Wan reprendra le flambeau de l'excellent Justin Lin.

Le bonhomme est en train de durablement marquer de son emprunte le septième art d'aujourd'hui et de demain, et difficile de ne pas être foutrement heureux face à cette nouvelle.


Jonathan Chevrier


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