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[CRITIQUE DVD] : Les Misérables


Réalisateur : Tom Hooper
Acteurs : Hugh Jackman, Russell Crowe, Anne Hathaway, Eddie Raymane, Amanda Seyfried, Helena Bonham Carter, Sacha Baron Cohen, Samantha Banks,...
Distributeur : Universal Pictures France
Budget : -
Genre :  Drame.
Nationalité : Britannique.
Durée : 2h18min.
Date de sortie en salles : 13 Février 2013
Date de sortie en DVD/Blu-Ray : 18 juin 2013

Synopsis :

Dans la France du 19e siècle, une histoire poignante de rêves brisés, d'amour malheureux, de passion, de sacrifice et de rédemption : l'affirmation intemporelle de la force inépuisable de l'âme humaine.
Quand Jean Valjean promet à Fantine de sauver sa fille Cosette du destin tragique dont elle est elle-même victime, la vie du forçat et de la gamine va en être changée à tout jamais.



 Critique :

Tout le monde sait que Les Misérables est et restera à jamais l’œuvre la plus célèbre et définitive du génie Victor Hugo.
Si tu ne l'as pas lu en cours ou chez toi par pure curiosité littéraire, tu l'as au minimum vu à la télévision ou au cinéma, et si tu ne l'as pas vu, tu l'as au minimum entendu au gré d'une conversation... bon si c'est pas le cas c'est que t'es paumé vieux et que franchement j'ai beau cherché je ne peux plus rien pour toi, putain achètes-toi une culture un peu, merde !

Les Misérables donc, ou au bas mot, l’œuvre littéraire française la plus connue et adaptée de l'histoire, de toute manière qu'il soit.
Et parce qu'il y en a une de pondue au moins tous les dix, quinze ans au cinéma, voilà donc que cette semaine on se borne à suivre la tradition avec une nouvelle et pimpante fournée de Valjean, de Cosette et de Javert sous la caméra du récemment oscarisé (et je me demande encore pourquoi il a été préféré à Fincher et son immense Social Network) Tom Hooper, papa du fameux Discours d'un Roi.

Mais histoire de marquer le coup et de se démarquer des précédentes adaptations, le lascar n'adaptera pas directement le bouquin du Hugo, mais bien le musical français tiré de cette œuvre universelle, qui cartonne depuis des décennies à Londres et qu'Hollywood la putain, renifleuse de profits comme personne, cherche à monter depuis plus de vingt piges.
Donc yep tu l'as compris, que du chant et pratiquement pas de dialogues, c'est ce qui attends tout spectateur pour cette épopée romanesque triste, réaliste et rageante de la France sous la monarchie du 14 juillet.
Pas forcément une grosse partie de plaisir en salles sur le papier (et encore moins quand les comédies musicales c'est pas ta came), le Tom, pas né de la dernière pluie et conscient du problème, aura su s'entourer d'un casting cinq étoiles à en faire bander plus d'un producteur Hollywoodien (Hugh Jackman, Russell Crowe, Anne Hathaway, Amanda Seyfried, Eddie Raymane, Helena Bonham Carter et Sacha Baron Cohen) pour faire passer la pilule comme il se doit, et attirer plus qu'en masse les cinéphiles purs et durs, dont je fais partis.

Si la campagne promotionnelle était d'une classe folle (les trailers étaient tout simplement d'une beauté et d'une puissance incroyable), qu'en est-il donc in fine de ce premier film musical (et surement l'un des seuls) de 2013, blindé de belles promesses et d'un statut de potentielle show stealeur ?
Si la sublime claque visuelle et auditive attendue est bel et bien là, derrière ce monstrueux (dans le bon terme) divertissement se cache quelques grosses fêlures, clairement visible dans la seconde partie, mais qui ne gâche en rien le grand moment de cinéma qu'il incarne, porté par trois performances flamboyantes et des scènes d'un sommet d'émotion bouleversant.


Je te récapitule vite fait l'histoire si t'es du genre à avoir salement pioncer pendant les cours de français au collège, ou si " lecture et bibliothèque " riment pour toi avec " crise d'urticaire et de somnolence aigu ".
Remercies-moi d'avance ignare, ce n'est pas tous les jours que je me la joue professeur...
Les Misérables donc, c'est la story compliqué et loin de toujours être rose de Jean Valjean, qui en 1815, est relâché  après avoir squatté en taule pendant plus de dix neuf ans, et c'est pas de la taule à la Prison Break que je te parle là, c'était de la dégueulasse ou tu taffais comme un chien.
La raison de son incarcération ?

Bah le lascar avait volé une miche de pain pour nourrir sa nièce, du coup il s'est fait serré et la justice à l'époque elle blaguait pas, genre aujourd'hui dix neuf piges c'est même pas ce que tu prends pour avoir braqué un fourgon blindé remplit de liasse, pas né à la bonne époque le Jean quoi.
Mais comme il n'a pas respecté ses conditions de libération (fallait pointer tous les jours à Paris, comme ton pointage mensuel au Pôle Emploi), le terrible et têtu inspecteur Javert, pire que Julie Lescaut, Navarro et Corine Touzet réunit, le prend en chasse et l'oblige même à fuir si il veut pouvoir vivre une nouvelle vie.
Ce qu'il va faire d'ailleurs, le mec se mouchant littéralement pas le cul en changeant d'identité (il devient Mr Madeleine) pour carrément devenir maire de la ville de Montreuil, mais également propriétaire d’une usine.

Mais Javert lâche rien, et une fois muté à Montreuil, il grille que le Madeleine c'est bien Javert, et même si un certain Javert à été arrêté à sa place, il sait pertinemment que c'est le maire le vrai Jean.

De nouveau dans la merde et obligé de fuir, Valjean (le vrai là hein, tu me suis ?) va en plus promettre, comme si il n'était pas déjà assez dans la merde, de s'occuper de Cosette, la petite fille de Fantine, dont s'occupe (enfin, occuper est un grand mot) les salopards d'aubergistes véreux que sont les les Thénardiers .
Ah ouais attends je t'ai pas tout dit, Fantine c'est une ancienne de ses employés au Jean, congédiée parce qu'elle a pas voulu taquiner le biscuit de son boss, et qui se retrouvant sans le sou pour payer les Thénardiers, a du vendre ses dents, ses cheveux et même faire la pute.
Pas glorieux, et t'as envie de dire " merde, la pauvre ", mais c'est pas fini, elle est en instance de crever et même si le Jean l'amène à l'hôpital, je te spoile d'avance la nana va calanché.


Du coup, se sentant coupable, Valjean va tenir sa promesse, se cacher dans une église en mode sous-marin pour ne pas se faire choper par Javert et s'occuper de la petite Cosette, l'aimant comme sa propre fille jusqu'à sa majorité.
Et tout ça se passe alors qu'à Paris, une révolte se fait de plus en plus sentir, menée par des étudiants privilégiés qui ne supportent pas l’indifférence du nouveau roi de France face à l’extrême pauvreté qui sévit au pays (ouais, tout ça).

L'un des leaders du mouvement s'appelle Marius, qui pour ne pas compliqué la donne, va tomber in love de Cosette, qui a bien grandit (ouais, bien bien grandit...), alors que lui-même est lourdement kiffer par la non moins séduisante Eponine, qui le love pour rien vu que le mec n'a nullement l'intention de la serré... oui elle aussi tu peux dire " merde, la pauvre ".
Bref c'est un bien beau bordel sentimental, et derrière tout ça t'as toujours ce salopard de Javert qui rôde, ne lâchant rien comme un putain de crève la dalle pour faire tomber les révolutionnaires et Valjean.

Voilà, en quelques paragraphes je t'ai résumé le pavé, maintenant essayes de rester concentré, je passe à la critique...

Faut l'admettre, l'intrigue du monstre littéraire d'Hugo est un sacré beau bordel et si t'es pas un minimum attentif tu lâches très vite le morceau.
Fort heureusement Tom Hooper et son Misérables ciné arrive à maintenir l'intérêt en réalisant la double prouesse d'être à la fois fidèle à l'esprit et à l'histoire du roman, tout en offrant une narration fluide, limpide et bourrées d'ellipses sur des passages beaucoup trop longs à développer pour un seul film, même si il affiche déjà deux heures trente bien tassées au compteur.
Du boulot propre et cohérent auquel s'ajoute l'idée casse-gueule mais de génie, de faire chanter du début jusqu'à la fin en live ses acteurs (tel un vrai show sur scène), rendant encore plus puissante l'émotion qui se dégage de leurs performances, là ou un enregistrement en studio aurait bien plus castré l'impact émotif.

Une tactique certes un peu répétitive mais payante au final, gérée sur tout le long du récit, offrant au spectateur une belle et grandiose comédie musicale d'envergure, aux chansons magnifiques, aux interprétations d'une richesse inouïe et à la noirceur tout simplement dévastatrice.


C'est évident que côté cast, certains chieront surement sur la prestation vocale parfois instable de Russell Crowe (je leur chierais donc dessus à mon tour), moi je l'ai trouvé tout simplement époustouflant (comme d'habitude) alors qu'il n'est, pour une fois, pas forcément à son aise, il a su m'emporter comme peu de performeurs savent le faire aujourd'hui.
Chacune de ses présences sont d'un bénéfique énorme pour le métrage, sa voix brute emportant chacune de ses chansons au point de donner une profondeur inattendu au personnage de Javert, le faisant même dépasser, de peu, la performance tout aussi immense de Jackman, en Valjean touchant , tourmenté et à la force massive, qui même dans sa grandeur, aura beaucoup de mal à garder le rythme d'excellence d'une introduction splendide et dévastatrice, ou son apparence, complétement transformé, lui vaut incontestablement les plus belles et intenses minutes de jeu de sa carrière.

Derrière les deux héros, il est impossible de ne pas mentionner l'apparition certes brève mais infiniment déchirante d'Anne Hathaway en Fantine (qui n'a pas du tout volé son oscar), qui en l'espace d'à peine vingt petites minutes d'une gravité et d'une souffrance indicible, aura amplement mérité tous les éloges qu'elle aura accumulés jusqu'à présent.
Sublime, fragile, débordante d'émotion, elle vole la première partie du film (et peut-être même le métrage tout court) avec son fulgurant " I Dreamed a Dream " (aka la chanson qui a permit à la grosse et vilaine Susan Boyle de gouter à la célébrité), l'un des grands moments (si ce n'est le encore une fois) de la bande.

Côté révélation, si je ne doutais pas du talent d'une Amanda Seyfried plus angélique que jamais (mais tout de même assez effacée), je reste quand même pantois devant le charisme et la prestance vocale tout en subtilité d'Eddie Raymane (sympathique mais pas plus dans My Week With Marilyn l'an dernier), dans la peau du romanesque et idéaliste Marius.
Idem pour la prestation de la jolie Samantha Banks en Eponine, et de l'impressionnant gamin Daniel Huttlestone, à la fois fabuleuse et qui est tout simplement magistrale en Gavroche.
A noter que si ils cabotinent un peu (bon beaucoup), Helena Bonham Carter et Sacha Baron Cohen offrent un peu de panache et de dimension comique à la péloche, dans les rôles des hypocrites, cruels, délurés et véreux Mme et Mr Thénardier.

Pour mettre le plus parfaitement en avant, les performances de ses interprètes, Tom Hooper aura eu la sagesse de miser sur une mise en scène subtil, discrète, fait de gros plans rapprochés et de raccords simples, le tout fortifié par des décors spectaculaires, une photographie intense et des costumes vraiment beaux.

Cependant, et comme dit un peu plus haut dans l'intro, à trop vouloir coller à l'esprit " show sur scène ", le cinéaste s'ampute de ses défauts majeurs.
Passé l'heure de film, soit au moment de la mort de Fantine et de la fuite de Valjean et Cosette, tout comme pour le musical, la bande s'essouffle, perd un peu de la magie de sa cadence, la faute à un catalogue de chansons un peu moins puissantes, tout autant que les scènes (exceptés les disparitions de Gavroche mais surtout, de Javert) et les interprétations.


Mais si le concept chanté lasse légèrement, et que sa longueur lui joue un peu des tours sur la fin, Les Misérables reste un putain de grand et beau film, pur moment de cinéma épique, bouleversant, noir et profondément humain.
Maitrisée d'une main de maitre par un metteur en scène sentant bon le potentiel oscar d'une telle entreprise (qu'on ne me dise pas qu'il était pas conscient dés le départ de faire un film à récompenses, le Hooper...), le film vaut surtout et avant tout pour son casting de talents ahurissants, tous voués corps et âmes pour faire de ce mélodrame universelle un show bigger than life, tellement puissant qu'à sa vision on se croirait tout droit cloué sur le siège d'une salle de Broadway, alors que notre cul est bien vissé sur un fauteuil moins confortable d'un simple cinéma de quartier.

Feel good movie sans vraiment l'être (ni sans forcément en avoir l'intention de l'être non plus), il est de ces métrages incroyables véhiculant tout autant un message politique, social et humain, qu'une ode enthousiasmante à l'amour, à l'espoir et à la loyauté.
Victor Hugo peut dormir sur ses deux oreilles, cette fois on n'a pas chier sur son œuvre culte, en espérant que la prochaine fois (parce qu'il y en aura une, je me fais pas de soucis pour ça) ce soit pareil.

Hollywood produisant à gros coups de millions de dollars de l'original, du rafraichissant et de l'audacieux, y'a de quoi surprendre plus d'un cinéphile aguerri, dont moi.
Si toutes les critiques ne sont pas convaincus par ses nombreuses qualités, cher fan envoies-les toutes se faire foutre et suis mon conseil, fonces te payer ton DVD des Misérables et enjoy se vrai bon moment de septième art, ils se font de plus en plus rare.


Et même si en ce moment une bonne pléthore de bonnes péloches cherchent à s'accaparer ton intention dans les salles et dans les bacs (il est vrai je te l'accorde, qu'on a rarement eu un mois de juin aussi excellent et excitant sur les deux tableaux), mets-le en tête de ta liste des bandes à voir absolument, ma parole que tu ne seras Vraiment pas déçu du voyage.

Et puis un cours d'histoire doublé d'un putain de film pour une vingtaine d'euros, c'est jamais superflus et puis surtout, ce n'est pas tous les jours qu'on voit ça au cinéma hein...


Jonathan Chevrier

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