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[CRITIQUE] : The Iceman



Réalisateur : Ariel Vromen
Acteurs : Michael Shannon, Winona Rider, Chris Evans, Ray Liotta, James Franco, David Schwimmer, Stephen Dorff,...
Distributeur : Metropolitan Fimexport
Budget : 20 000 000 $
Genre :  Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h43min.

Synopsis : 
Tiré de faits réels, voici l’histoire de Richard Kuklinski, surnommé « The Iceman », un tueur à gages qui fut condamné pour une centaine de meurtres commandités par différentes organisations criminelles new-yorkaises. Menant une double vie pendant plus de vingt ans, ce pur modèle du rêve américain vivait auprès de sa superbe femme, Deborah Pellicotti, et de leurs enfants, tout en étant secrètement un redoutable tueur professionnel.
Lorsqu’il fut finalement arrêté par les fédéraux en 1986, ni sa femme, ni ses filles, ni ses proches ne s’étaient douté un seul instant qu’il était un assassin. Pourquoi l’est-il devenu, et comment a-t-il réussi à continuer pendant si longtemps ?


Critique :

Il faut l'admettre, sortir le nouveau métrage en tant que vedette de l'immensément mésestimé Michael Shannon (oui, il l'est), à peine deux semaines jour pour jour avant sa partition de grand vilain attendue dans le blockbuster hautement alléchant Man of Steel, on peut difficilement faire plus con, le capital de sympathie (auprès du public comme de l'industrie) du bonhomme risquant de littéralement explosé d'ici le 19 juin prochain.

Pas de high five ni de dédicace du bon gout à Metropolitan donc, mais vu les nombreuses bavures et décisions hasardeuses du distributeur qui s'accumulent au fil des ans (comme continuer à s'acharner de vouloir distribuer les bouses intersidérales et clairement indésirables du Nic Cage, entre autres), on ne va pas (re) commencer à les blamer, surtout que le troisième long d'Ariel Vromen, tourné depuis belle lurette déjà, a sacrément tardé pour finalement pointer le bout de son nez dans nos salles obscures cette semaine.

Furieusement bandant sur le papier, et alors qu'il s'est tapé une jolie petite carrière dans une pléthore de festivals prestigieux (Toronto et Venise notamment), The Iceman conte l'histoire follement vraie et hors du commun de Richard Kuklinski, tueur à gages foutrement prolifique, qui durant près de trois décenies, jusqu'à son arrestation en 1982 à l'âge de quarante-sept piges, aura mené une double vie de père aimant et dévoué d'un côté, et de nettpyeur efficace pour la mafia de l'autre.


Selon sa légende, il aurait exécuté plus d'une centaine de contrat, choppant au passage le surnom d'Iceman, des causes de sa propension à conserver le corps de ses victimes qu congélateur pendant des mois avant de s'en débarrasser (même si il n'en sera pas réellement mention dans le métrage).

Une histoire de grand fissuré, qui défraya logiquement la chronique à l'époque outre-Atlantique (même si les tarés du genre sont légion là-bas hein), autant dire que le rôle du Kuklinski était plus que du pain béni pour Michael Shannon, littéralement habité dans la peau de ce zigouilleur professionnel au destin hors du commun, et que rien n'affecte.

Imposant, saisissant, maniant l’ambiguïté comme un Jedi manierait à la perfection son sabre laser, il nous joue de nouveau sa carte fétiche, celle d'un personnage flippant, froid, glacial, sans limite, dont la rage intérieur est catalysé sous une fine couche de normalité qui ne demande qu'a explosé.
Son physique massif et son regard de fou porte à bout de bras la bande, et prouve surtout une fois de plus, si besoin était, que l'acteur peut tout jouer, si on lui laisse un minimum l'opportunité de s'exprimer.


Et justement ça, le Ariel Vromen l'a bien compris, car si, tout efficace soit-il, son Iceman n'a ni la portée ni la puissance d'un Soprano, ou d'un Zodiac ou avec qui il a beaucoup de points communs (n'est pas David Fincher qui veut en même temps), il se focalisera judicieusement, entièrement ou presque, sur le magnétisme incroyablement puissant et animal de son acteur principal, ainsi que sur une mise en scène inspirée, infiniment froide et loin d'être tapageuse comme il est souvent de coutume pour ce genre de polar made in USA.

Loin de la machine à tuer que ses crimes pourraient le laisser penser (certains détails de la personnalité de Kuklinski ont été, volontairement ou pas, zappé, notamment le fait qu'il était paranoïaque, impulsif et bipolaire, et qu'il avait pour passion de battre sa femme), Vromen et Shannon dépeignent un Kuklinski aussi gentil gangster que glacial, jamais touché par ses atrocités, tuant presque banalement comme un boulanger fabriquerait sa pâte à pain.
Sans le moindre effet sur son existence, pour lui devenir un tueur à gages est une branche du milieu de travail, un moyen comme un autre qu'il aura choisit pour subvenir au mieux aux besoins des siens.

Une banalisation de l'horreur, un parti pris assez couillu et glaçant, mais payant vu qu'il joue pour beaucoup dans l'intensité général séduisante de ce polar rondement bien mené, aux scènes de meurtres chocs (mais un peu répétitives, il est vrai) et au casting exceptionnel (mention spécial à la sublime Winona Ryder, pleine de justesse et de grâce, dans le rôle de l'épouse du héros, se réfugiant dans le déni face à la violence évidente de son mari).


Loin d'être révolutionnaire et flirtant un peu, parfois, avec les clichés mais valant clairement le détour, le film est le genre de petite bande solide balancée à l'arrache dans les grilles de sorties en salles par des distributeurs ne réalisant pas une seule seconde l'immense potentiel des bombes qu'ils ont entre les mains.
Mais gageons qu'avec le futur grand boom qui risque de chambouler sa carrière, le général Michael " Zod " Shannon ne risque plus d'avoir se genre de soucis à l'avenir...

Efficace polar à l'ancienne, The Iceman est un joli bol d'air frais entre deux blockbusters bourrés jusqu'à la gueule d'effets spéciaux et de 3D parfois (bon, quasiment toujours...) dispensable, et franchement, ce serait vraiment un Crime de se priver d'une telle séance.


Jonathan Chevrier


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