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[CRITIQUE DVD] : Gangster Squad



Réalisateur : Ruben Fleischer
Acteurs : Josh Brolin, Ryan Gosling, Sean Penn, Emma Stone, Anthony Mackie, Michael Pena, Nick Nolte, Giovanni Ribisi, Robert Patrick, Frank Grillo,...
Distributeur : Warner Bros France
Budget : 60 000 000 $
Genre :  Gangster, Policier, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h53min.
Date de sortie en salles : 6 février 2013
Date de sortie en DVD/Blu-Ray : 12 juin 2013

Synopsis :
Los Angeles, 1949. Mickey Cohen, originaire de Brooklyn, est un parrain impitoyable de la mafia qui dirige la ville et récolte les biens mal acquis de la drogue, des armes, des prostituées et – s’il arrive à ses fins – de tous les paris à l’ouest de Chicago. Tout ceci est rendu possible par la protection, non seulement des hommes de mains à sa solde, mais également de la police et des hommes politiques qui sont sous sa coupe. Cela suffit à intimider les policiers les plus courageux et les plus endurcis… sauf, peut-être, les membres de la petite brigade officieuse de la LAPD dirigée par les Sergents John O’Mara et Jerry Wooters qui, ensemble, vont tenter de détruire l’empire de Cohen.


 Critique :

Si il y a bien un genre qui a su perdurer au fil des décennies sans pour autant se montrer omniprésent et assommer l'audience tous les mercredis à chaque sortie de nouvelles péloches dans les salles obscures, c'est bel et bien le film de gangster.

Tellement rare, tout autant qu'il est rarement bien mis en valeur, rien que son évocation au gré d'une potentielle production suffit pour salement titiller la fibre cinéphile de tout fan du septième art qui se respecte.
D'ailleurs, la plupart des grands cinéastes de ces quarante dernières piges ne ce sont pas privés pour imposer leurs pierres pelliculaires à cet édifice au pouvoir de fascination quasi-impérissable.
Dans le tas on peut facilement citer Francis Ford Coppola (la trilogie du Parrain, monument à elle toute seule), Michael Mann (Heat, Public Ennemies), Martin Scorcese (grand pape du genre, avec Les Affranchis, Casino, Les Infiltrés), Sergio Leone (Il Était une Fois en Amérique), Brian De Palma (Scarface, Les Incorruptibles, L'Impasse), Quentin Tarantino (Reservoir Dogs, Pulp Fiction, Jackie Brown), Ridley (American Gangster) et Tony Scott (True Romance), les frangins Coen (Miller's Crossing), Sam Mendes (Les Sentiers de la Perdition), Bryan Singer (Usual Suspect) ou encore même Antoine Fuqua (Training Day) et Barry Levinson (Bugsy).

Même en France on s'y est mis, certes pas toujours avec réussite (Mesrine, Un Prophète, Les Lyonnais font partis du haut du panier, L'Immortel, Le Dernier Gang, Le Premier Cercle, Truands clairement moins) à la différence des asiatiques (la trilogie Infernal Affairs, sans citer les perles de John Woo et Tsui Hark) et des pays nordiques (le Danemark avec les Pusher de Winding-Refn, la Suède avec le Easy Money de Espinosa).



Mais si Hollywood tire un petit peu la gueule au genre ces derniers temps (seul Des Hommes sans Loi, Public Ennemies et American Ganster auront été montés ces cinq dernières années, et on ne compte même pas les prods tombées à l'eau), à la télé par contre il a sacrément le vent en poupe, Breaking Bad, Justified, Vegas et plus directement Boardwalk Empire (produit par Martin Scorcese, évidemment) font haut la main partis des shows les plus populaires et positivement critiqués du moment.
Pas difficile à comprendre dans le sens ou la télévision d'aujourd'hui est le matériau parfait pour le genre, qui sans le scénario finement écrit, a nécessairement besoin de profondeur et de temps (une dizaine d'heures valent toujours mieux que deux, c'est mathématique mais pas que) pour convenablement attiser l'intérêt dans la rétine du spectateur.


Mais il y a toujours des irréductibles dans la mégalopole balisée d'Hollywood la putain, et la Warner, grande prêtresse du film de gangsters, continue de faire perdurer le mythe autant qu'elle le peut, en revenant donc cette année avec Gangster Squad, projet autant hautement bandant (le cast, le pitch) que casse-gueule (son réal, pas franchement l'homme de la situation sur le papier), tirés de faits réels et à la production aussi nostalgique que chaotique.
Oui, nostalgique parce qu'elle prend place dans le L.A des années 40-50, et tout cinéphile un minimum avertit sait combien cette période est du pain bénit pour les yeux, avec sa beauté plastique aussi glamour qu'excitante.
Chaotique, car la tragédie d'Aurora l'aura forcé à repasser à la moulinette du montage, l'amputant d'une scène importante, mais surtout l'obligeant à repousser sa sortie de cinq mois, de septembre 2012 à février 2013, pas la période la plus aisée pour s'imposer face aux promos et sorties écrasantes des prods à oscars...

Comme dit plus haut, Gangster Squad c'est donc l'histoire plus ou moins romancé, d'un détachement secret de la police de L.A qui aura eu pour mission dans les années 40, de botter le cul des mafiosos hors de la cité des Anges, mission pour laquelle ils auront eu quartier libre.
A l'époque, c'était l'impitoyable Mickey Cohen qui gérait le business, un caid badass intouchable, qui faisait son argent de poche sur la drogue, le trafic d'armes, la prostitution et les paris clandestins, le tout avec une parfaite tranquillité car il était entouré de gorilles méchamment armés mais aussi de policiers et de politicards qu'il soudoyait, parce que tout puait la corruption à l'époque (mais on est pas non plus à Bisounoursland non plus aujourd'hui, c'est surement encore la même hein, mais chut faut pas dire).


Et ce fut donc parce que personne n'osait s'attaquer à lui que fut créer par le chef de la police Bill Parker, le Gangster Squad, une team menée par le sergent John O'Mara et composés de six hommes de l'ombres dont les agissements, toujours en mode sous-marin, ne seront rendus public que près de soixante piges plus tard, dans une série d'articles signé Paul Lieberman pour le L.A Times...

Une sacré injustice pour ses Vrais serviteurs de la loi, que la Warner a tenté de réparer (tout en cherchant à s'en mettre plein les fouilles, cela va de soi), via une production qui avait donc tout sur le papier pour devenir un pur classique du giron : un parrain du crime organisé, une bande de flics burnés border line et véner à qui l'ont permet tout pour foutre en l'air les hors la loi, des femmes fatales, un L.A de rêve... sauf que voilà, à trop vouloir bien faire le studio s'est un peu pris le pied dans le tapis rouge, et pour de grosses lacunes franchement évitables, Gangster Squad passe à côté du culte, mais vraiment de peu.

On dit toujours que pour faire un grand film, il faut un grand réalisateur derrière (si, si on dit bien ça, en tout cas moi je le dis), et même si je n'ai rien contre Ruben Fleischer (j'ai quand même bien tripé sur ses Bienvenue à Zombieland et 30 Minutes Maximum), le type n'a pas vraiment le talent pour être considéré comme un moda fucking good director.
Mais là encore ce soucis peut passer inaperçu si le cast fait le boulot (vu les talents impliqués, ici la question ne se pose même pas) mais surtout si le scénariste rend une copie irréprochable.

Hors Will Beall (qu'on attends au scénar du reboot de L'Arme Fatale et de la Justice League, ça fait peur...), jusqu'ici connu pour avoir été qu'un simple showrunner sur la série Castle (qui ne casse pas des briques ni ne révolutionne pas le genre cop show romantique malgré une certaine efficacité), a offert au Fleischer un script remplissant à peine le minimum syndical d'une péloche du genre, soit une relecture fébrile et basique des œuvres cultes qui nous auront bercés par le passée, bourrée jusqu'à la gueule de dialogues assez cliché (malgré quelques vannes implacables), plombée par une vision générale un peu trop admirative des cops de l'impossible (occultant pas mal la vision du vrai gangster de l'histoire, le Cohen) et un manque cruelle de profondeur pour la majeure partie des seconds couteaux, limite juste là pour faire beau au générique.

Bref pleins de sales petits détails pour que cette péloche pourtant violente et décapante, n'arrive même pas à la cheville de ses ainés, pourtant pas toujours dénués de défauts non plus...


Involontairement, dés le départ le film se tire une balle dans le pied car en adaptant fidèlement la réalité du Gangster Squad, il oblige automatiquement le cinéphile caché en chacun de nous à le comparé à deux de ses plus illustres ainés, L.A Confidential pour son L.A de rêve, ses flics corrompus et son ton à la James Ellroy, mais surtout " Les Incorruptibles ".

Parce que c'est vrai, sans faire l'aveugle de services faut admettre que les deux pitchs sont salement similaires :
Dans Les Incorruptibles, on suit Eliott Ness (Costner) allié à un vieux briscard Jim Malone (Connery), qui vont créer la team des " Incorruptibles ", des honnêtes serveurs de la loi qui vont lutter avec la pègre pour faire tomber le terrible Al Capone (De Niro, grimé pour l'occasion), qui règne alors en maitre sur Chicago.
Inverse les deux rôles principaux et remplace Chicago par L.A et tu as le pitch de Gangster Squad, avec un mafieux immense et grimé (Sean Penn), un vieux briscard d'Hollywood (James Brolin) et une jeune pousse en pleine hype, beau gosse et foutrement talentueux qui participe à son premier blockbuster (Ryan Gosling), avant de passer à sa première réalisation (How To Catch A Monster)...
Des similarités troublantes, sans doute involontaire, même si une des scènes renvoie directement au chef d’œuvre de De Palma mais chut, pas plus de spoilers pour le moment.

Plus focaliser sur le Squad que sur Mickey Cohen (Sean Penn, tout simplement excellent malgré une tonne de latex sur la gueule) qui, avec une personnalité mieux développer, n'aurait pu faire que du bien au métrage (un bon vilain c'est toujours un bonus), le script fait surtout la part belle à ses deux héros principaux (sans forcément pousser plus loin l'aspect trouble et les répercussions morales des actions de l'escouade sur leur propre existence), Josh Brolin (intense) aka le sergent John O'Mara, le vétéran de la Seconde Guerre obsédé par l'idée de faire tomber Cohen, sa femme Connie (Mireille Enos, sublime) et le sergent Jerry Wooters (Ryan Gosling, plus charismatique que jamais), le séducteur et cynique cop qui va se taper ni plus ni moins que la poupée du mafieux, Grace Faraday (Emma Stone, plus belle que jamais, même si elle n'est pas super crédible en femme fatale).

Un parti pris assez dommage vu que le reste de l'équipe ne sert, ou presque, que de seconds rôles de luxe, entre jeunes loups du business et l'ancienne génération :
Anthony Mackie (l'honnête Rocky Washington), Robert Patrick (la fine gachette Max Kennard), Michael Pena (l'hispanique Navidad Ramirez), Nick Nolte (qui a encore pris dix ans depuis Warrior, en chef Bill Parker) et Giovanni Ribisi (le rat de bureau Conway Keeler), font ce qu'ils peuvent, n'ayant ni vraiment le temps, ni la possibilité (des causes de personnages pas vraiment approfondis) de pouvoir voler la vedette.
Mais blâmer le film pour cela reviendra dans ce cas à également critiquer le Public Ennemies de Mann, qui lui aussi avait chercher à conjuguer au pluriel l'implication de talents dans son casting, sans forcément chercher à approfondir plus que ça leurs rôles.

 
Mais là ou Public jouissait de la caméra génial d'un Mann qui n'a même plus besoin d'être présenté, Gangster lui doit se contenter de la caméra moins performante, plus impersonnel mais tout de même sympathique de Fleischer.
Car si l'on s'offusque face à l'utilisation pas forcément habile du numérique, de ralentis et de gunfights pas toujours bien cadrés, on félicitera tout de même un découpage globale archi-classe (tout comme sa reconstitution du L.A des fifties), pleine d'idées plastiques inventives souvent fun et nerveuses, de la belle vengeance rageuse parsemée de ci et là de quelques scènes purement efficace (la vendetta de Gosling, aussi froide qu'intense, rappelant au bon souvenir de Drive)...


Drôle, noir, burné, spectaculaire, glamour, au tempo rythmé et violent tout en étant un actioner des plus banales, un blockbuster on ne peut plus basique made in Hollywood, Gangster Squad est une péloche plus qu'agréable à suivre, mais dont le résultat final titillera les cinéphiles les plus aguerris tant il aurait nettement pu, avec une plus grande rigueur scénaristique, un metteur en scène plus adéquat au genre et une ambition de marquer les esprits plus présente, dépasser son simpliste postulat de divertissement classique pour devenir un long-métrage de chevet, culte et prestigieux.

Si je n'en suis pas entièrement satisfait, c'est surement un peu des causes de l'attente qu'il aura su, pas toujours volontairement, attiser depuis quelques mois, nourrit par des trailers et une campagne promotionnelle frisant foutrement avec le sans faute.

Mais dans l'état, c'est tellement rare de mater du film de gangsters sur grand écran qu'il est difficile quand même de bouder dessus (ça reste un blockbuster, il ne faut pas non plus espérer un trésor d'écriture comme chez Chris Nolan), car si il est certes inconséquent, il reste un minimum jouissif pour rendre plaisant ce voyage dans le temps, à l'époque ou les mitraillettes, les impers gris et les chapeaux stylés étaient les habits les plus fashions, et ou rien n'importait plus que les femmes, le fric, les flingues et... les femmes !


Entre le drame sombre d'un Mann et la folie violente d'un Tarantino (sans forcément exceller ni égaler ces deux registres), le film est donc un condensé de ce qu'il se fait de mieux sur un genre maintes et maintes fois usé (et qui n'est pas prêt d'être laissé au placard), sans pour autant être ce qu'il y a de mieux dans ce dit même genre, mais il est doté d'une pléthore de performeurs tellement talentueux et d'un enthousiasme tellement communicatif qu'il empêche l'ennui et conserve l'intérêt sur les une heure cinquante bien tassée du montage.

En gros, voilà là le premier Vrai guilty pleasure de l'année 2013, mais également le premier blockbuster sans vraiment l'être (60 millions de budget seulement, pas un gros pari de la Warner donc), premier gros four commercial (sans trop l'être non plus, à la différence d'After Earth) et première petite déception cinématographique (les grosses de ce début d'année étant bien évidemment Hitchcock et... After Earth) tout ça à la fois, alors qu'il avait tout d'un grand qui crève l'écran et qui rapporte gros, c'est con, vraiment con.

Mais même dans les déceptions il y a toujours du mémorable et du furieusement plaisant, et dans ce cas précis Gangster Squad est indiscutablement le plus lourdement kiffant des films " moyens " depuis longtemps, du gangster " nouvelle génération " à l'ambiance excitante qui ouvre, peut-être, la porte à de futures prods aussi burnées à l'avenir.

Rien que pour son casting de dingue il mérite le détour en DVD/Blu-Ray, et si il a bien une réussite indéniable que l'on ne peut pas contester au Ruben, c'est d'avoir pu rassembler dans son film, les meilleurs acteurs possibles.


Jonathan Chevrier


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