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[CRITIQUE] : Trance



Réalisateur : Danny Boyle
Acteurs : James McAvoy, Vincent Cassel, Rosario Dawson,...
Distributeur : Pathé Distribution
Budget : -
Genre : Thriller.
Nationalité : Britannique.
Durée : 1h35min.

Synopsis : Commissaire-priseur expert dans les œuvres d’art, Simon se fait le complice du gang de Franck pour voler un tableau d’une valeur de plusieurs millions de dollars. Dans le feu de l’action, Simon reçoit un violent coup sur la tête. À son réveil, il n’a plus aucun souvenir de l’endroit où il a caché le tableau. Ni les menaces ni la torture ne lui feront retrouver la mémoire. Franck engage alors une spécialiste de l’hypnose pour tenter de découvrir la réponse dans les méandres de l’esprit de Simon…



Critique :

Pas besoin d'être un cinéphile acharné pour savoir que Danny Boyle est le cinéaste de tous les grands écarts, plus grands même que ceux fait par le roi de l'action made in Belgium Jean-Claude Van Damme.

Un éclectique de génie le Danny, à la filmographie tellement imprévisible qu'il est capable de passer d'un film de zombie choquant à une œuvre romantico-Bollywoodienne oscarisable, tout en veillant à également revisité la SF huit clos et le survival movie.

Toujours dans sa volonté de multiplier les plaisirs et de se mettre continuellement en danger (peu peuvent se targuer d'avoir des couilles aussi grosses que les siennes dans le monde du septième art aujourd'hui), le voilà qu'il nous revient en solo cette semaine, sans Simon Beaufoy au scénar (il s'était occupé de ses deux dernières péloches à oscars, Slumdog Millionnaire et 127 Heures), mais avec John Hodge (scénariste de ses quatre premiers longs, de beaucoup diront ses meilleurs), pour Trance, remake d'un téléfilm méconnu (et surtout inconnu) qui sur le papier fleure savoureusement avec le rafraichissement en bon et du forme du film de braquage et d'hypnose.

Et oui, rien que ça...


Dans cette histoire de braquage sous fond de jeu dangereux et d'exploration de la mémoire, entre un braqueur d’œuvre d'art, l'élément perturbateur du vol du premier et l'hypnotiseuse du second engagé par le premier pour retrouver l'objet de toutes les convoitises (un tableau de Goya), Danny Boyle va laisser exploser toute la folie et l'étrangeté de son cinéma, faisant du métrage son œuvre la moins accessible et la plus dérangeante depuis son culte Trainspotting.

Radical, sobre, surprenant, infiniment riche (on ne compte même plus les genres touchés par le métrage) et référentiel à sa filmographie (certains thèmes sont sensiblement les mêmes que pour Petits Meurtres Entre Amis, l'histoire ne fait pas dans la dentelle comme pour 28 Jours Plus Tard, et la folie du dernier acte rappelle celles de La Plage et Sunshine), mais surtout foutrement intelligent et passionnant, Trance est un thriller expérimental exigeant et audacieux, un labyrinthe des sens qui se joue souvent de son spectateur sans pour autant ne jamais trahir une seule seconde son implication.

Car si la bande, tel un putain de grand huit émotionnel, est bourrée jusqu'à la gueule de twists et de rebondissements tous plus ou moins prévisible et tout aussi réjouissant et fun que franchement inconfortable, Danny Boyle veille à ce que chaque pièce du puzzle soit identifiable et associée dans l'ordre aux autres.


Remplis de moments aussi jubilatoire et confus que tordu, cul (les fans de la sublime Rosario Dawson seront agréablement servit) et fraichement décomplexé, la grande puissance du métrage réside, outre dans son scénario horriblement malin (plus dur de feinter la déroute scénaristique que de réellement la vivre), dans la mise en scène illuminé et lumineuse du Boyle, plongeant encore un peu plus dans le trouble une intrigue naviguant entre réalité et fantasmes, via un découpage et un montage complétement psychédélique et viscéral.

Côté performance, le trio Vincent Cassel/James McAvoy/Rosario Dawson, pourvus de personnages incroyablement bien approfondis, dont la complexité s'étoffe à mesure que le puzzle même de l'intrigue se complexifie, sortent littéralement le grand jeu.

McAvoy, dans son second thriller musclé de 2013 après l'excellent Welcome To The Punch (honteusement zappé des salles obscures au profit d'une indigne sortis dans les bacs à DVD/Blu-Ray) y est tout aussi convainquant que subtil, tout comme Vincent Cassel, brillant, alors que Rosario elle, beaucoup trop cantonné aux séries B de bas étages ces dernières années, laisse ici entrevoir toute la beauté et la pluralité de son talent (bon et de sa plastique, aussi) que bon nombre de cinéastes intelligents (Spike Lee via La 25eme Heure, Oliver Stone via Alexandre notamment) avait déjà su mettre en lumière par le passé.


Plus qu'un simple exercice de style trash et punk naviguant entre réalité et psyché, le film incarne pour Boyle un nouveau virage des plus savoureux dans sa carrière définitivement variée et unique, et un passage obligé pour tout cinéphile un minimum exigeant qui aime ne pas être brosser dans le sens du poil par un metteur en scène trop intelligent pour être malhonnête.

Trouble, déroutant, fascinant et ludique, citant tout autant les polars des 90's (Usual Suspect !) qu'Inception et Fight Club sans pour autant égaler ni même lorgner sur l'aura de ses glorieux ainés, Trance n'en est pas moins un divertissement foutrement efficace, déstabilisant et original, qui se classe aisément bien bien haut au classement des péloches les plus intéressantes et jouissives de ce milieu d'année 2013.

Bref, c'est tout simplement ça d'avoir à sa direction un cinéaste formidable...



Jonathan Chevrier


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